Poutine président va-t-il choisir le tour de vis ou un virage libéral ?

Par Emmanuel Grynszpan, à Moscou  |   |  512  mots
Vladimir Poutine/Copyright Reuters
L'appareil gouvernemental se trouve paralysé en attendant la formation du prochain gouvernement, qui sera dirigé par l'actuel président Dmitri Medvedev, mais pour mener quelle politique et avec quels acteurs ?

Des remaniements ministériels pourraient être annoncés par Vladimir Poutine avant son retour au Kremlin le 7 mai prochain, d?après le quotidien RBK-daily. Natalia Timakova, la porte-parole du président Dmitri Medvedev, affirme au contraire que l?attribution des postes se fera après la nomination du Premier ministre. L?actuel Premier ministre a remporté les élections présidentielles dès le premier tour le 4 mars dernier avec 63% des voix. Il a promis à Dmitri Medvedev la place de chef du gouvernement, mais le flou règne sur la date d?entrée en fonction du prochain cabinet et sur sa composition. Après trois mois dominés par un réveil de l?opposition, des manifestations massives puis une érosion rapide du mouvement protestataire, la vie politique et économique russe se focalise désormais sur la composition du futur gouvernement.

"Aucune information ne filtre"

En principe, la candidature de Dmitri Medvedev doit être soumise au vote du parlement. Le parti du pouvoir, Russie Unie, possédant la majorité des sièges, il n?y aura pas de surprise. Mais Vladimir Poutine pourrait être tenté de couper l?herbe sous les pieds de son futur Premier ministre en procédant à un léger remaniement. Officiellement, les deux hommes "mènent des consultations" sur la formation du gouvernement. "Aucune information ne filtre. Les décisions sont prise par un cercle extrêmement restreint, peut-être limité à Medvedev et Poutine", affirme à La Tribune un spécialiste des relations gouvernementales. Bien qu?il n?existe pas à proprement parler de "clan Medvedev", son proche entourage devrait quitter le Kremlin pour le suivre au siège du gouvernement. Le "clan Poutine" a lui déjà en partie repris ses positions avant même les élections au Kremlin et à "l?administration présidentielle", qui en Russie constitue une sorte de gouvernement parallèle.

"Pas de ligne idéologique claire, étatiste ou libérale"

Trois ministres impopulaires pourraient quitter leurs fonctions (Intérieur, Santé, Education). Le ministre des Transports, Igor Levitine, devrait partir payant les nombreuses catastrophes aériennes survenues ces derniers mois? pour atterrir vraisemblablement à la direction des Chemins de Fer. "Il n?y aura pas beaucoup de têtes nouvelles", prédit l?économiste Rouslan Grinberg. "Le Kremlin tentera de contenter tout le monde avec des choix pragmatiques, sans ligne idéologique claire étatiste ou libérale. Il y aura un jeu de chaises musicales, comme d?habitude." La majorité des experts voient le ministre des Finances Anton Silouanov conserver des fonctions qu?il n?a prises qu?en septembre dernier suite au départ mouvementé d?Alexeï Koudrine, en poste depuis 2000. Un avant-goût du cabinet sera peut-être offert par Vladimir Poutine lors de son allocution devant le parlement le 11 avril prochain. Il doit y présenter le bilan de son action gouvernementale pour l?année 2011. En attendant, une purge a lieu chez les gouverneurs à la tête des régions où le parti du pouvoir a récolté de piètres résultats lors des élections législatives de décembre dernier.