L'Algérie accélère ses projets de développement pour le grand sud

Par Hamid Guemache, à Alger  |   |  466  mots
Vue de Ghardaïa, ville à 600 km au sud d'Alger/Copyright AFP
Alger s'inquiète du risque de contagion sécessionniste des Touaregs maliens sur ceux du sud du pays. Pour la contenir, le gouvernement annonce de nombreux grands projets d'équipements.

La partition du Mali inquiète l'Algérie. Dans la foulée des événements qui secouent son voisin du sud avec notamment la proclamation par le Mouvement de libération de l'Azawad (MNLA) de l'indépendance du nord Mali, le gouvernement algérien a annoncé plusieurs grands projets pour le sud, très peu développé. Une autoroute de 1.000 km pour relier la capitale à Ghardaïa pour plus d'un milliard d'euros, deux hôpitaux hospitalo-universitaires (CHU) et des centres anti-cancer dans deux villes du sud, Bechar et Ouargla, pour 100 millions d'euros, des projets de transfert d'eau et création de dix entreprises publiques pour lutter contre le chômage endémique dans cette région, riche en hydrocarbures, qui nourrit l'Algérie.

Transfert d'eau entre In Salah et Tamanrasset

Fait inhabituel, le Premier ministre Ahmed Ouyahia s'est rendu à Tamanrasset à l'extrême du sud, pour rencontrer les chefs des tribus Touaregs et réaffirmer la présence de l'Etat dans ces régions déshéritées. Les autorités algériennes s'inquiètent de la contagion sécessionniste des Touareg du Mali sur ceux d'Algérie. Et pour se justifier d'avoir respecté le sacro-saint principe de l'équilibre régional dans la redistribution des richesses issues de la vente des hydrocarbures, le gouvernement rappelle aussi la réalisation d'un projet gigantesque de transfert d'eau entre In Salah et Tamanrasset, sur 750 km, pour plus de deux milliards de dollars." Ce projet était une vue de l'esprit il y a quelques années, maintenant, c'est une réalité », se vante le ministre des Ressources en eau, Abdelmalek Sellal. Mais ce projet destiné à résoudre la grave crise d'eau qui affecte Tamanrasset constitue une exception.

Nombreuses manifestations du sud contre le nord

Les régions du sud manquent de tout, même de l'électricité, pourtant produite avec du gaz extrait dans le sous sol saharien ! Le pouvoir algérien, même s'il ferme les yeux sur les activités de contrebande des Touaregs, a beaucoup de choses à se reprocher. Les habitants du sud manifestent souvent pour réclamer du travail et dénoncer le favoritisme dont bénéficient les gens du nord dans le recrutement dans les bases pétrolières du sud. Aucun ministre originaire du grand sud ne siège au gouvernement. Les postes importants au sein des institutions de l'Etat et des entreprises publiques sont occupés majoritairement par les gens du nord. Pour se soigner, les malades du sud sont souvent obligés de faire des milliers de kilomètres pour se déplacer à Alger. Les habitants des villes du sud manifestent souvent pour réclamer du travail et dénoncer le favoritisme dont bénéficient les gens du nord dans le recrutement dans les bases pétrolières du sud.