L'ail, pomme de discorde américano-chinoise

Par Robert Jules  |   |  350  mots
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Washington a décidé de maintenir la taxe de presque 380% imposée depuis 1994 sur les importations d'ail en provenance de Chine, au grand dam de Pékin.

376,67 %! C'est le niveau exact de la taxe que les Etats-Unis imposent sur les importations d'ail frais en provenance de Chine, et ce depuis novembre 1994. Un sujet de polémique supplémentaire, certes symbolique, mais bien réel dans les relations commerciales tendues entre les deux pays. En effet, la Commission internationale au Commerce américaine (ITC), qui examinait jeudi pour la troisième fois la nécessité de maintenir ou non cette majoration anti-dumping, a justifié le statu quo par les dommages et les préjudices que son élimination entraînerait pour les producteurs américains de la plante bulbeuse.

La Chine premier producteur mondial d'ail

Même s'ils ne se classent qu'au huitième rang mondial des producteurs, les Etats-Unis ont récolté quelque 170.000 tonnes d'ail en 2010, une production concentrée en Californie, au Nevada et en Oregon. En valeur, ce marché pesait 265,5 millions de dollars en 2010, selon les chiffres de l'Agricultural marketing resource center. La Chine, elle, reste le leader incontesté avec 13,7 millions de tonnes, loin devant son second,  l'Inde (834.000 tonnes), selon les statistiques de la FAO. Les Etats-Unis, qui sont devenus importateur net d'ail depuis 1998, redoutent de voir leur marché intérieur ravagé par la concurrence chinoise. En 2010, ils ont dû acheter sur le marché international 74.531 tonnes, principalement en provenance de Chine, puis d'Argentine et du Mexique,soit 130 millions de dollars, 50% de la valeur de leur marché local.

 Pékin critique le protectionnisme américain

Selon le cadre législatif de l'accord de l'Uruguay Round, le département du Commerce américain doit abroger au bout de cinq ans toutes ses taxes antidumping, ses droits compensateurs, ou ses accords de suspension, sauf dans les cas où le département et l'ITC démontrent que l'abrogation de cette taxe ou mesure entraînerait vraisemblablement la poursuite ou la répétition de préjudices significatifs sur un avenir raisonnablement prévisible. Du côté des autorités chinoises, le ministère du Commerce reproche aux États-Unis de faire preuve de protectionnisme et de ne pas maintenir son marché libre et ouvert selon les règles du commerce international.