Pour S&P, l'Inde file un mauvais karma

Par Julien Bonnet (avec agences)  |   |  441  mots
Le Premier ministre indien Manmohan Singh -Copyright AFP
Standard and Poor's a abaissé mercredi les perspectives sur la dette à long terme de l'Inde. L'agence de notation cite notamment l'affaiblissement de l'économie et un large déficit public pour expliquer sa décision. Pour le moment, la note du pays est maintenue à "BBB-", à un cran de la catégorie spéculative.

Quel est le point commun entre l'Islande, la Tunisie et l'Inde ? Réponse : les trois pays sont notés "BBB-" par Standard & Poor's (S&P). Mais peut être plus pour longtemps. L'agence de notation américaine a dégradé mercredi les perspectives sur la dette à long terme de l'Inde. Si, pour le moment sa note est donc maintenue à un cran de la catégorie spéculative, S&P précise que le pays a désormais une chance sur trois de perdre cette notation si sa situation financière continuait à se détériorer. En cas de dégradation, New-Dehli devrait alors payer plus cher pour financer ses emprunts.

"Seulement" 7,8% de croissance en 2011

Pour justifier cette décision S&P met en avant le ralentissement de l'économie et des investissements. L'année dernière, la production indienne n'a augmenté "que" de 7,8% après une croissance de 10,1% en 2010. Le ralentissement a par exemple été moindre en Chine, le pays voyant son PIB progresser de 9,2% contre 10,5% l'année précedente.

En outre, la troisième économie d'Asie fait face à une inflation tenace, +6,9% en mars sur un an. En janvier dernier, la Banque centrale indienne avait cependant décidé de favoriser la croissance en assouplissant sa politique monétaire à travers la réduction d'un demi-point du taux des réserves obligatoires pour les banques. Un changement d'orientation après la priorité donnée pendant deux ans à la lutte contre l'inflation.

Situation budgétaire fragile

Autre point noir: l'Inde affiche une situation budgétaire fragile. En 2011, le déficit de l'Etat représentait 5% de son PIB alors que dans le même temps il s'établissait à 1,2% en Chine. Autre puissance émergente, le Brésil présentait quant à lui un excédent de 3,1%.

Pour faire repartir l'investissement, le gouvernement de Manmohan Singh s'était engagé à prendre des mesures jugées indispensables pour ouvrir l'économie indienne. Mais, ces réformes sont gelées depuis plusieurs mois, combattues par l'opposition sur fond d'affaires de corruption éclaboussant le sommet de l'Etat, ainsi que par des alliés du Premier ministre Singh.

Le ministre des Finances se veut rassurant

Dans la foulée de l'annonce de S&P, la Bourse de Bombay a dévissé avant de se reprendre mais les échanges perdaient près de 1% à 17.090,98 points en fin de journée.

Le ministre des Finances, Pranab Mukherjee, a toutefois cherché à rassurer les investisseurs en affirmant que le gouvernement de centre-gauche, dirigé par le parti du Congrès de Sonia Gandhi, avait "foi en sa capacité de surmonter les difficultés". "Il n'y a pas lieu de paniquer", a-t-il déclaré à la presse.