Crise de la zone euro : pour le G8, il y a urgence

Par latribune.fr  |   |  1038  mots
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Barack Obama veut éviter que la crise de la zone euro ne mette en péril la reprise américaine encore fragile. Il s'est engagé à coopérer avec l'Europe sur un programme associant des mesures en faveur de la croissance aux plans de réduction des déficits.

La crise de la zone euro au centre des discussions
Le président américain Barack Obama s'est engagé samedi, lors du sommet du G8 à Camp David, à coopérer avec l'Europe sur un programme associant aux plans de réduction des déficits des mesures en faveur de la croissance, afin d'éviter que la crise dans la zone euro ne déstabilise l'économie mondiale. "Nous sommes tous déterminés à faire en sorte que la croissance, la stabilité et la consolidation budgétaire fassent toutes partie d'un ensemble de mesures que nous devons tous prendre, afin de parvenir à la prospérité que nous recherchons pour nos concitoyens", a-t-il déclaré
La crise de la dette dans la zone euro était le premier dossier examiné samedi matin par les dirigeants des huit pays les plus industrialisés et de l'Union européenne à Camp David. Cette crise divise les partisans de davantage de relance et ceux de la rigueur, sur fond de graves inquiétudes pour la Grèce, où cette crise se double d'un blocage politique avec l'échec de la formation d'un gouvernement après les législatives du 6 mai. Les Grecs sont à nouveau appelés aux urnes le 17 juin et leur sortie de l'euro est ouvertement évoquée.

Un signal en direction des partisans de la relance
La veille, donnant le ton du sommet, le président Obama a envoyé un signal net en direction des partisans d'une relance économique en Europe en recevant son homologue français François Hollande. Le président américain a estimé que la lutte contre la crise de la zone euro était "un problème d'une extraordinaire importance, non seulement pour les Européens mais aussi pour l'économie mondiale". Il a assuré que le G8 évoquerait "une approche responsable de l'austérité budgétaire, couplée à des mesures énergiques pour la croissance", une position sur laquelle M. Hollande a fait campagne.
Candidat à un second mandat le 6 novembre, M. Obama a mis en garde contre les effets néfastes des difficultés européennes sur la situation aux Etats-Unis où, même modeste, la croissance est revenue et le chômage a décru d'un point depuis août 2011.
Angela Merkel, qui prône une forte discipline budgétaire afin de réduire le niveau de la dette, se retrouve isolée. Un isolement d'autant plus grand que, selon Reuters, le projet de communiqué final du G8 prévoit d'insister sur "l'impératif de créer de la croissance et des emplois". "L'Allemagne est presque complètement isolée", confirme Domenico Lombardi, ancien responsable du Fonds monétaire international."(...) il est maintenant clair que la Grèce est devenue une crise systémique", ajoute-t-il.

« Un sens croissant de l'urgence », selon David Cameron
Après un entretien dans la matinée avec le président américain Barack Obama, le Premier ministre britannique a déclaré avoir constaté "un sens croissant de l'urgence sur les mesures à prendre" afin de sortir la zone euro de la crise. "Nous nous attaquons ici aux deux plus graves menaces pour nos économies, ce sont évidemment la crise de la zone euro et les prix très élevés du pétrole, qui se répercutent sur les prix à la pompe. Nous faisons des progrès sur ces deux dossiers", a dit David Cameron aux journalistes.
"Des plans d'urgence doivent être mis en place, afin de renforcer les banques, améliorer la gouvernance et consolider les dispositifs pare-feu - toutes ces choses doivent être mises en place très rapidement afin de faire face à toute éventualité", a-t-il poursuivi.

« Croissance et austérité ne s'excluent pas », selon le premier ministre britannique
Il a ajouté que la chancelière allemande Angela Merkel avait "tout à fait raison" d'exiger que les pays de la zone euro prennent les mesures nécessaires pour réduire leurs déficits.
"Croissance et austérité ne s'excluent pas", a-t-il souligné. "La Grande-Bretagne peut compter sur un gouvernement fort, qui a mis en place un sérieux plan de réduction des déficits, avec des banques solides mais aussi une politique monétaire indépendante qui nous permet d'avoir des taux d'intérêt peu élevés, ce qui favorise la demande. Je pense que la zone euro doit adopter une telle approche."

Tour d'horizon des dossiers brûlants : Iran, Syrie, Corée du Nord, Birmanie
Les dirigeants du G8 (Etats-Unis, Grande-Bretagne, Canada, Italie, France, Allemagne, Japon, Russie) et de l'UE ont déjà effectué un tour d'horizon des dossiers géopolitiques brûlants vendredi soir, notamment les programmes nucléaires iranien et nord-coréen, ainsi que la Birmanie et la Syrie, a révélé M. Obama samedi.
Sur l'Iran, à quelques jours de la reprise de négociations à Bagdad, M. Obama a assuré que le G8 partageait l'opinion selon laquelle Téhéran "a le droit à un (programme) nucléaire pacifique, mais que ses violations continuelles des règles internationales et son incapacité à prouver jusqu'ici qu'il n'essaie pas de le militariser constituent un grave motif d'inquiétude".
"Nous sommes tous fermement engagés à poursuivre une approche de sanctions et de pression, conjointement à des discussions diplomatiques. Nous espérons que nous pourrons résoudre ce problème d'une façon pacifique", a-t-il dit.
Concernant la Syrie, M. Obama a évoqué la nécessité de voir un "processus politique" s'engageant "plus rapidement" dans ce pays, théâtre d'une révolte réprimée dans le sang par le régime de Bachar al-Assad. Cette formulation vague n'a pas pu camoufler le différend persistant avec Moscou, dont la position sur son allié syrien n'a pas changé. Un conseiller du Kremlin, Mikhaïl Margelov, a d'ailleurs estimé samedi qu'il "ne peut pas y avoir de changement de régime par la force".

Suite du programme
Après la situation économique, les dirigeants du G8 et de l'UE vont se pencher successivement sur l'énergie, puis la sécurité alimentaire avec des dirigeants africains (Bénin, Ethiopie, Ghana et Tanzanie). L'après-midi sera consacré à l'Afghanistan ainsi qu'aux pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord. L'Afghanistan sera aussi le sujet dominant du sommet de l'Otan qui démarrera dimanche à Chicago dans la foulée du G8.