La Grèce hors de la zone euro : pas si grave ?

La sortie de la Grèce de la zone euro, un événement souhaitable et gérable? Les déclarations récentes de certains dirigeants européens - allemands, en particulier - ont contribué à renforcer cette idée. Mais certains économistes en doutent fortement...Et les chiffres semblent leur donner raison. Les détails.

Patrick Artus et Jésus Castillo, économistes chez Natixis, se disent « inquiets ». « D'abord, la sortie de l'euro et la dévaluation n'aideront pas l'économie grecque, ensuite, les pertes pour les investisseurs publics et privés ne seraient pas négligeables, enfin, la sortie de la Grèce révèlerait l'absence de solidarité dans la zone euro, et pourrait faire anticiper d'autres sorties de pays ayant des caractéristiques similaires », estiment-ils. Chez Aurel BGC, les économistes Christian Parisot et Jean-Louis Mourier ne sont pas plus optimistes.« Le choc économique d'un scénario de sortie de la zone euro serait violent pour la Grèce et l'ensemble de la zone euro. La sortie de la Grèce de la zone euro est possible mais pas facile et surtout pas n'est pas une solution idéale et sans risque pour l'Europe », expliquent-ils.

La dévaluation, une fausse bonne idée

Allant à l'encontre de l'idée selon laquelle une dévaluation monétaire permettrait à la Grèce de faire redémarrer son économie et disparaître son déficit extérieur, les économistes de Natixis soulignent que les importations de la Grèce sont beaucoup plus importantes que ses exportations. « Une dévaluation aurait comme effet dominant d'accroître le prix des importations, puisque la faible taille de l'industrie n'a qu'un faible effet sur le commerce extérieur en volume » Pour eux, une dévaluation n'attirerait pas forcément non plus beaucoup d'investissements industriels. « Aujourd'hui, le coût du travail est faible en Grèce et pourtant il y a peu d'investissement étrangers, sans doute en raison de la situation géographique défavorable, de la faible qualification de la main d'?uvre, ou encore de l'insécurité juridique », constatent-ils.

Christian Parisot et Jean-Louis Mourier soulignent quant à eux que le seul avantage de la sortie de la zone euro serait de permettre à la Grèce de créer de la monnaie pour financer son déficit budgétaire. Le pays pourrait alors payer ses fonctionnaires. Seul problème : l'inflation générée par le financement monétaire du déficit et la baisse de la devise. "Au total, pour la population grecque, le défaut de l'Etat grecque sur ce qui reste de sa dette, la nationalisation des banques, l'hyperinflation et les restrictions en termes de produits importés seraient plus dévastatrices que le plan de rigueur imposé par l'Europe à l'économie", résument-ils.

Des pertes substantielles

Une dévaluation ou un nouveau défaut sur la dette publique « conduirait encore à des pertes substantielles, en particulier pour le secteur public européen », même après la restructuration de la dette grecque de début 2012, estiment Patrick Artus et Jésus Castillo.

Détention de la dette grecque après la restructuration
  Milliards d'euros en % du total
FMI 20,1 6,5
Union Européenne 52,9 17
Banques étrangères 62 20
Banques grecques 23 7,4
BCE 45 14,5
EFSF 107,7 34,7

 Source : Natixis

Le directeur de la recherche de l'IESEG School of Management de Lille, Eric Dor, estime que les coûts directs pour l'Etat français seraient au minimum de quelques dizaines de milliards d'euros et pourraient aller jusqu'à 66 milliards, dans un scénario où le retour à une nouvelle monnaie nationale s'accompagnerait d'un défaut de l'état grec sur ses dettes libellées en euros. "Ces pertes potentielles seraient encore bien supérieures pour l'Allemagne", estime-t-il. Pour lui " sous l'hypothèse réaliste d'une dévaluation de la nouvelle monnaie nationale grecque de 50 %, les banques françaises subiraient une perte de 19,8 milliards d'euros".

Sur le point de quitter Bercy, le ministre sortant de l'Economie François Baroin a, lui, évalué le coût d'une sortie de la Grèce de la zone euro à 50 milliards "net" pour l'Etat français. A ce coût s'ajouterait la dépréciation des "titres que détiennent les banques ou les assurances dans leurs portefeuilles", a-t-il déclaré. Le risque serait "tout à fait absorbable" par les intéressées. En revanche, selon lui, la menace d'une "contagion exceptionnelle" de la crise grecque sèmerait "le doute et la défiance dans l'esprit des investisseurs".

L'attention se tournerait vers les autres pays où l'ajustement réel a un coût économique élevé

D'autres pays comme l'Italie, le Portugal ou l'Espagne, soumis à des politiques budgétaires restrictives, connaissent aussi une chute de l'activité et une forte hausse du chômage. « Les prêteurs pourraient anticiper que les mêmes causes produiront les mêmes effets, c'est-à-dire une crise politique et la sortie de l'euro, d'où le redoublement de la crise financière », préviennent Patrick Artus et Jésus Castillo. Chez Aurel BGC, les économistes admettent que la zone euro est "mieux préparée qu'il y a deux ans", mais insistent sur les "conséquences fortes" d'un tel événement, "notamment en terme de crédibilité de la pérennité de la zone euro".

 

Commentaires 20
à écrit le 17/05/2012 à 12:08
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la grèce n'a pas d'autre choix que de sortir de la zone euro qui est un échec flagrant à cette politique de bruxelle qui veux faire avancer les 25 pays de la zone euro à la même vitesse; hors ce n'est pas possible car les differants pays que compose ...

à écrit le 17/05/2012 à 10:11
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On ne fait rien de bon sans le soutien du peuple , le problème de Gréce est d'abord le problème des Grecs ; c'est aux politiques grecs d'assumer leurs choix ; ils ont aussi un président et de nouveaux députés pourquoi referait on des élections il y a...

à écrit le 17/05/2012 à 2:05
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La Gréce avec des vacances à prix incontrounables, humm... ça va faire qq. chose !

à écrit le 16/05/2012 à 14:08
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Qu'ils fassent comme les Islandais, refuser de payer pour les banques: faire défaut, dévaluer et poursuivre en justice les banquiers verreux !!

le 17/05/2012 à 9:11
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...et baisser de 10% les depenses de l'Etat. Comme les Islandais.

à écrit le 16/05/2012 à 9:27
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Ces "économistes" sont en fait des idéologues qui restent bloquer sur les conséquences à très court terme sur l'économie grecque afin d'effrayer les électeurs. Evidemment que les problèmes grecs ne se résoudront pas par le seul fait de sortir de l'Eu...

le 16/05/2012 à 9:51
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Pour avoir un dynamisme économique il faut avoir une économie ce qui n'est pas le cas. La grèce est destinée à régressée zone euro ou pas.

le 16/05/2012 à 10:19
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En effet, le peu d'économie qui leur reste est en train d'être détruit sous nos yeux sur l'autel du dogme Euro. L'Euro est en train de les asphyxier du fait d'un taux de change inadapté à leur compétitivité (et aussi d'une classe politique Grecque i...

à écrit le 16/05/2012 à 9:24
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La Grèce fait figure d'exemple de ce qui nous attend dans les mois qui viennent si l'on ne change pas radicalement de politique, sans pour autant déclencher une révolution bolchevique. Voir l'appel de Stéphane HESSEL à rejoindre le réseau ROOSEVELT ...

à écrit le 15/05/2012 à 22:04
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Mêmes causes mêmes conséquences, toute la zone euro va s'effondrer, n'ayez pas peur, c'est plutôt une bonne nouvelle.Revenir aux Francs ce n'est pas si grave, il faut juste que l'on récupère notre banque centrale pour nos intérêts nationaux et non pr...

le 15/05/2012 à 22:57
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Ce n'est pas la zone Euro qui s'effondre, c'est le socialisme clienteliste . La vision de ce qui va arriver aux Grecs des qu'ils seront hors de l'Euro passera l'envie aux autres de sortir et de recreer les Assignats.

le 16/05/2012 à 1:26
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Le socialisme clientéliste est le fond de commerce de notre nouveau Président ... Il vient de nommer un 1er ministre condamné pour des faits assez proches (favoritisme ) en 1997 ... Reste plus qu'à continuer ... Bientôt le retour de PSollande ... Tou...

à écrit le 15/05/2012 à 19:56
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Qu'on arrête de nous prendre la tête avec ça, c'est le système que s'écroule pas que la Grèce, évidement qu'ils sont responsables en partie mais QUI leur à fait croire qu'il y aurait une fin à la fontaine de jouvence !!! Qui explique aux Francais ass...

à écrit le 15/05/2012 à 19:25
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Ce serait une bonne chose qu'ils sortent enfin de la zone sinistrée ! c'est vrai çà commence à durer leur agonie, pourquoi ils ne se suicident pas tous sur l'hotel du profit maximal pour un banquier véreux.C'est bizarre les islandais ils ont pas ces ...

à écrit le 15/05/2012 à 17:50
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Pour tous les économistes, ce serait une bonne expérimentation pour voir les conséquences pour un peuple de la sortie de l'euro ! La Russie pourrait bien venir en aide à ce petit pays et le financer en échange d'une influence dans la région! A espér...

à écrit le 15/05/2012 à 17:22
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ce qu'artus ne dit pas c'est que les pays en difficulte ' similaire' n'ont pas forcement truques leurs comptes, n'ont pas forcement triche pdt 20 ans, et ne jouent pas forcement le coup de la tragedie ' too big to fail' sur un air de ' sauvez nous si...

à écrit le 15/05/2012 à 16:28
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Ce qui est amusant dans cette affaire, c'est que les technocrates étaient tellement sûrs de leur supériorité intellectuelle qu'ils ont tout simplement occulté la possibilité pour un pays de sortir de l'Union européenne, quoi qu'on en dise. Donc, si l...

le 15/05/2012 à 17:24
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ils auront une dette libellee en euros qu'ils devront rembourser avec leurs drachmes ( sauf s'ils font defaut complet)... pour le reste c'est a personne de payer ( je dis ca pour pas que les francais croient que d'autres gens sont redevables des obli...

le 15/05/2012 à 21:34
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Non churchill, la Grèce est endettée dans sa monnaie nationale : l'euro n'est pas une devise étrangère pour elle. La Grèce a le droit de changer de monnaie nationale : la dette sera donc convertie dans la nouvelle monnaie nationale. Quand la France e...

à écrit le 15/05/2012 à 16:19
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Il bien ce papier !!!

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