Israël s'inquiète des risques d'un boycott international de certains de ses produits

Par Pascal Lacorie, à Jérusalem  |   |  533  mots
Vue de la colonie israélienne de Qadumim, dans le nord de la Cisjordanie/Copyright AFP
Certains pays, comme le Danemark ou l'Afrique du Sud, ont décidé d'étiqueter les produits israéliens en provenance des colonies de Cisjordanie et de Jérusalem-Est. Si l'impact est marginal, le gouvernement et le patronat craignent que cette démarche débouche sur un boycott plus important.

Israël redoute d'être la cible d'un boycottage international. En quelques jours, l'Afrique du sud et le Danemark ont annoncé leur intention d'imposer des étiquettes spéciales sur les produits provenant des colonies de Cisjordanie et de Jérusalem-est considérés par la communauté internationale comme des territoires occupés depuis la guerre de juin 1967. L'objectif est clair : établir pour les consommateurs une claire distinction dans les magasins entre les exportations des colonies et celles d'entreprises installées en territoire israélien. La réaction ne s'est pas faite attendre. "Un tel estampillage a des relents de racisme. On commence par cibler les produits des implantations, mais en fait c'est tout ce qui vient d'Israël qui est visé", déplore Ygal Palmor, porte-parole des Affaires Etrangères.

Pression des groupes pro-palestiniens ?

Shalom Simhon, le ministre du Commerce et de l'Industrie, ainsi que l'Association des Industriels, la plus importante organisation patronale, sont également montés au créneau. "La part des implantations dans nos exportations est négligeable, un boycottage sud-africain et danois pourrait toutefois déclencher une réaction en chaîne et toucher d'autres pays", prévient Shalom Simhon. L'inquiétude est d'autant plus vive que Co-Op, la cinquième chaîne de distribution alimentaire britannique, a récemment décidé de boycotter les distributeurs de produits se fournissant dans les colonies israéliennes. Selon les responsables israéliens, ces initiatives ont été prises sous la pression de groupes pro-palestiniens.

Effets marginaux pour l'instant

Sur le plan strictement statistiques, les effets d'un tel boycottage restent pour le moment marginaux. Les ventes aux pays de l'Union Européenne des entreprises installées en Cisjordanie, qui emploient 15.000 ouvriers palestiniens, ou à Jérusalem-est ne portent que sur quelques dizaines de millions de dollars, alors que les exportations totales se sont élevées à 15,2 milliards de dollars l'an dernier. Jusqu'à présent, les produits des colonies sous forme surtout de fruits, de légumes et de cosmétiques provenant de la Mer Morte, entrent sur le marché européen avec la seule mention « Made in Israël ».

Aux termes d'un accord conclu il y a 8 ans, seul le code postal de l'entreprise exportatrice est mentionné sur le paquetage sans préciser à quelle localité ce code correspond. Résultat : le client ne sait pas d'où provient son achat. En revanche, ce discret étiquetage permet aux douanes européennes, qui disposent d'une liste des codes postaux israéliens, de faire le tri afin de savoir si tel ou tel produit a été fabriqué dans une colonie de Cisjordanie où vivent plus de 300.000 Israéliens parmi 1,7 millions de Palestiniens ou dans un quartier israélien de Jérusalem-est.

Exemption des droits de douane

Les produits en provenance du territoire israélien bénéficient de tarifs préférentiels qui les exemptent pratiquement de droits de douane aux termes d'un accord d'association conclu entre l'Etat hébreu et l'Union européenne. Les exportations des colonies sont, en revanche, taxées au maximum. Détail important : les chefs d'entreprises des colonies qui s'estiment ainsi « discriminés » sont indemnisés par un fonds spécial public, qui leur rembourse le surplus de droits de douane qu'ils ont dû acquitter.