Grèce : l'austérité gagne des points

Par latribune.fr  |   |  488  mots
AFP
Alors que Lucas Papademos, ancien Premier ministre grec agite le chiffon rouge dans un mémo qui prévoit un manque de liquidité pour fin juin, des sondages placent le parti Nouvelle Démocratie, favorable à l'austérité, en tête pour les élections du 17 juin.

L'ancien premier ministre grec explique que le gouvernement risque d'être à court de liquidités d'ici fin juin dans un memo publié dimanche par le journal grec To Vima. Lucas Papademo, chargé d'une étude sur le sujet daté du 11 mai, y détaille un éventuel scénario catastrophe: "Les fonds disponibles pour le gouvernement grec vont diminuer progressivement, passant de 3,8 milliards d'euros le 11 mai à environ 700 millions d'euros le 18 juin, et à partir du 20 juin, ils tomberont dans le rouge autour d'environ 1 milliard d'euros". De quoi justifier un appel à l'union derrière les partis favorables à l'austérité le 17 juin lors des prochaines élections législatives.

Risque de sortie de l'euro

En effet, sans la poursuite du programme de rigueur budgétaire imposé par le Fonds monétaire international, ainsi que la Banque central et la Commission européennes, le pays pourrait voir suspendues les aides qui lui ont été apportées depuis 2010, et risque de sombrer dans la faillites. "Le risque que la Grèce sorte de l'euro est réel", a ainsi mis en garde l'ancien vice-président de la Banque centrale européenne  dans une interview au Wall Street Journal. Pour, lui, cela dépendra du soutien ou non à "l'application continue du programme économique" tel qu'il a été défini par les créanciers d'Athènes.

Nouvelle Démocratie gagne du terrain

Justement, six sondages publiés ce week-end en Grèce place le parti pro-austérité Nouvelle Démocratie (ND) en tête des intentions de vote. Ce parti emporterait entre 23,3% à 25,8% des voix dans ce nouveau scrutin organisé après un blocage politique. Pendant ce temps, le parti anti-austérité Syriza opposé à la politique de rigueur, et classé deuxième dans les sondages avec  20,1 à 26% des intentions de vote. 

Si la Grèce sortait de l'euro? "La BCE serait insolvable"

Pour l'Institut de la finance internationale (IIF), une sortie de la Grèce de la zone euro coûterait plus de 1.000 milliards d'euros. Cette projection datant de février mais qui n'avait pas été publiée est même jugée sous-évaluée par le patron de l'institution Charles Dallara, au cours d'un entretien à Bloomberg. "Ceux qui pensent que l'Europe, et plus généralement l'économie mondiale, est préparée à une sortie de la Grèce devraient y réfléchir à deux fois", a-t-il prévenu. Selon le responsable de ce regroupement de banques, l'exposition de la Banque centrale européenne à la Grèce représente plus de deux fois ses fonds propres. Et si la Grèce sortait de la zone euro, la BCE elle-même manquerait de liquidité pour stabiliser le système. "La BCE serait insolvable", a prévenu Charles Dallara pour qui il serait donc plus efficace d'apporter une nouvelle aide financière à Athènes, à hauteur de 10 milliards d'euros supplémentaires, a-t-il estimé. Selon lui, certains éléments du programme d'austérité "n'étaient pas si bien conçus que cela".