France - Algérie : la poursuite du "je t'aime, moi non plus"

Par Hamid Guemache, à Alger  |   |  551  mots
Le métro algérois. Copyright Reuters
Les relations franco-algériennes sont intenses sur le plan économiques, mais restent malgré tout tendues. La question de la "repentance", et d'autres sujets difficiles, empoisonnent les discussions entre Paris et Alger.

Cinquante après l'avoir quitté, la France est toujours présente en Algérie. Inauguré le 1er novembre dernier à l'occasion de la célébration du déclenchement de la guerre d'indépendance, le métro d'Alger est géré par la RATP. La régie parisienne s'occupe aussi du tramway de la capitale, construit par... Alstom. Les eaux d'Alger, de Constantine et d'Oran sont gérées en partenariat avec Suez et Les Eaux de Marseille. Aéroport de Paris s'occupent de l'aéroport d'Alger. Les banques françaises BNP Paribas, Société Générale et Natixis sont fortement présentes en Algérie et la France demeure le premier fournisseur de l'ancienne colonie avec 15% de parts de marché.

Une relation politique à l'arrêt

Cette présence économique française notamment dans les services en Algérie ne signifie pas toutefois que les relations politiques entre les deux pays sont bonnes. Les espoirs de relance rapide de cette relation suscités par l'élection de François Hollande, après quatre années de tensions, sont vite retombés. Deux mois après l'arrivée du président socialiste au pouvoir en France, rien n'indique que la relation algéro-française sera aussi importante que la relation franco-allemande, comme l'avait laissé entendre le nouveau locataire de l'Elysée. Le bilan est en effet maigre : un entretien téléphonique entre Hollande et Bouteflika et une visite à Alger d'une journée - prévue le 16 juillet - de Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères français. Un déplacement qui devrait être davantage dominé par l'actualité régionale, notamment la situation au Mali, que les dossiers bilatéraux.

La froideur algérienne demeure


De son côté, Alger ne fait aucun effort pour montrer sa disponibilité à aller vers des relations plus apaisées. Ainsi, contrairement au roi du Maroc, le président Bouteflika n'a pas décroché son téléphone le soir du 6 mai pour féliciter François Hollande de son élection. Alger n'a pas non plus procédé à un changement à la tête de son ambassade à Paris, où Missoum Sbih, un vieillard de 80 ans, dirige toujours la plus importante représentation diplomatique algérienne à l'étranger. Enfin, les déclarations sur la repentance ont repris, témoignant qu'Alger n'est pas encore prête à nouer un partenariat d'exception avec l'ancienne puissance coloniale. «C'est du je t'aime, moi non plus », résume un diplomate français. « Quoi qu'on fasse, ce n'est jamais suffisant. On ne sait même pas ce que veulent les Algériens. La demande de la repentance n'a jamais été exprimée d'une façon officielle et les investisseurs français sont confrontés à d'interminables problèmes bureaucratiques », déplore-t-il. Du côté algérien, les reproches sont liés à la repentance sur les crimes coloniaux, au soutien de la France au Maroc dans le conflit au Sahara occidental, à la faiblesse des investissements français en Algérie et aux accusations françaises sur l'implication de l'armée algérienne dans l'assassinat de sept moines dans les années 1990. La visite attendue de François Hollande en Algérie début septembre pourrait toutefois relancer les relations bilatérales, après quatre ans de vives tensions qui ont impacté négativement les groupes français.