Syrie : la Russie n'est-elle pas en train de lâcher Bachar al-Assad ?

Par latribune.fr  |   |  758  mots
Le président syrien Bachar al Assad Copyright Reuters
L'ambassadeur de Russie en France, Alexandre Orlov, a jugé dimanche dans une interview accordée au journal "Le Parisien" "difficile d'imaginer" que le président syrien Bachar al-Assad, qui est toujours en Syrie, puisse rester au pouvoir. Mais selon lui, c'est au peuple syrien d'en décider. Des combats féroces se poursuivent à Alep.

L'ambassadeur de Russie en France, Alexandre Orlov, a jugé dimanche "difficile d'imaginer" que le président syrien Bachar al-Assad puisse rester au pouvoir, estimant qu'il faudrait organiser son départ "d'une façon civilisée", comme on l'a fait lors de la transition au Yémen. "C'est vrai qu'il est difficile d'imaginer qu'il va rester. Il va partir, et je crois qu'il le comprend lui-même mais il faudrait organiser cela d'une façon civilisée, comme on l'a fait au Yémen par exemple", déclare Alexandre Orlov dans un entretien au journal "Le Parisien".

"Contrairement à la Libye où (Mouammar) Kadhafi était un homme seul, en Syrie il existe un régime baasiste qui existe depuis des décennies. Avec ou sans Assad, ce régime va tenir", estime-t-il. L'ambassadeur, qui avait déjà évoqué la possibilité d'un départ négocié dans de précentes interviews, réaffirme cependant aussi la position de la Russie qui a toujours estimé jusqu'ici que le sort de Bachar al-Assad ne pouvait être décidé que par le peuple syrien, sans ingérence étrangère, au contraire des Occidentaux qui appellent à son départ.

Moscou souffle le chaud et le froid

"C'est le peuple syrien qui doit décider de son avenir", répète-t-il, en affirmant qu'il y a "une opposition intérieure prête à négocier avec le président actuel". "Le fait que le communiqué final de (la réunion de) Genève du 30 juin ait été accepté par Bachar al-Assad, qui a déjà désigné son représentant pour les futures négociations avec les opposants, montre qu'en son for intérieur, le président accepte l'idée qu'il pourrait partir", a-t-il estimé.

Jeudi, Moscou et Pékin ont apposé pour la troisième fois leur veto aux tentatives de l'ONU pour faire pression par la menace de sanctions sur le régime du président Assad depuis le début du conflit en Syrie il y a 16 mois.

Bachar al-Assad toujours en Syrie

A Damas, Bachar al-Assad a reçu dimanche le général Ali Ayoub, nouveau chef d'Etat-major de l'armée, a rapporté la télévision publique. "Le président Assad rencontre le général Ali Ayoub, chef d'état-major, et lui prodigue ses conseils", a précisé la télévision, montrant le général en train de prêter serment devant le président. Le nouveau chef d'état-major remplace Fahd al-Freij, nommé ministre de la Défense après la mort du général Daoud Rajha, tué mercredi dans un attentat visant les proches collaborateurs du président Assad.

Mercredi, outre le ministre de la Défense, son vice-ministre, le général Assef Chawkat, beau-frère du président, et le général Hassan Turkmani, chef de la cellule de crise mise en place pour réprimer la révolte, ont été tués dans un attentat dans le bâtiment de la Sécurité nationale à Damas. Le chef de la Sécurité nationale en Syrie, Hicham Ikhtiar, un homme clé de l'appareil de répression, a succombé vendredi aux blessures.

Combats à Alep et Damas

La rébellion syrienne a annoncé dimanche le début de "la bataille de libération" d'Alep, deuxième ville de Syrie où un nouveau front a été ouvert vendredi, et s'est engagée à y protéger les minorités, notamment chrétiennes et alaouites. Dans une vidéo postée sur YouTube, le colonel Abdel Jabbar al-Okaidi, commandant du conseil militaire de l'Armée syrienne libre (ASL) pour la province d'Alep (nord), proclame "le lancement de l'opération visant à libérer Alep des mains tachées de sang de la clique d'Assad". Il a assuré que l'ASL s'engageait à "protéger les civils", notamment "les minorités (chrétiens, Arméniens, Assyriens, Kurdes, alaouites, chiites) et autres dans cette province. Mais les soldats syriens, appuyés par des chars et des hélicoptères, ont repris pied dans des quartiers de Damas et d'Alep, deuxième ville de Syrie où plus de 19.000 personnes ont été tuées en 16 mois de révolte.

Des combats y opposent depuis vendredi l'armée régulière à l'ASL, qui a notamment pris le contrôle du quartier de Salaheddine. Le président Bachar al-Assad est de confession alaouite, une branche du chiisme. Les rebelles avaient annoncé mardi avoir lancé la "bataille de libération" de Damas mais ils semblent marquer le pas face à la contre-offensive des soldats fidèles au régime.