Le gouvernement chinois de plus en plus nerveux pour son économie

Par Robert Jules  |   |  524  mots
La chancelière Angela Merkel et le Premier ministre chinois Wen Jiabao lors de leur rencontre à Pékin, jeudi pour un sommet bilatéral. Copyright Reuters
Face au ralentissement prononcé de l'activité dans nombre de secteurs emblématiques, le premier ministre chinois compte sur un rebond des exportations pour faire repartir le moteur de la deuxième économie mondiale, en espérant que la crise européenne se calme.

La Chine s'inquiète pour l'Europe, en fait pour son économie. "J'ai expliqué au Premier ministre Wen que de nombreuses réformes sont en cours et qu'il y a une volonté politique absolue de replacer l'euro parmi les monnaies fortes", a expliqué mercredi la chancelière allemande Angela Merkel, après sa rencontre avec un Premier ministre chinois qu'elle a trouvé très préoccupé par la crise qui s'éternise sur le Vieux Continent, l'un des principaux marchés pour la Chine avec les Etats-Unis.

Afflux de mauvaises nouvelles

Il est vrai que Wen Jiabao, qui va officiellement passer la main dans quelques semaines, doit faire face à un afflux de mauvaises nouvelles depuis quelques mois. Le moteur de l'atelier du monde montre en effet quelques signes préoccupants.

Ainsi, la Bourse de Shanghaï a atteint son plus faible niveau depuis mars 2009 ces derniers jours et l'activité manufacturière au mois d'août a enregisté une nouvelle contraction pour le neuvième mois consécutif.
Au deuxième trimestre, l'économie chinoise avait progressé de 7,6%, son taux trimestriel le plus bas depuis plus de trois ans.
En juillet, la hausse des exportations a été la plus faible depuis six mois, en s'affichant officiellement en glissement annuel à + 1% contre 11,3% en juin.

Les sidérurgistes perdent de l'argent

Et certains secteurs emblématiques montrent des signes inquiétants sur leur activité.

Les exportations de produits textiles ont reculé de 0,7% sur les 7 premiers mois de l'année, comparé à la même période de 2011. Il s'agit de la première baisse depuis une décennie.

Zhang Hongxia, patron de la première entreprise de textile du pays Weiqiao Textile, assure à l'agence Bloomberg que « l'économie chinoise se trouve à peine au début d'un hiver difficile ». Il prend comme signe tangible la consommation de coton dans le pays qui, selon lui, devrait se réduire de 11% cette année.
Autre secteur clé, la sidérurgie. 83 % des compagnies sidérurgistes sont en ce moment en train de perdre de l'argent, en raison de la chute de la demande d'acier et la baisse des prix.

Cosco, la première compagnie chinoise de transport maritime, a de son côté annoncé pour le premier semestre une perte de ses revenus de 76% supérieure à celle déjà encaissée en 2011 sur la même période.

La compagnie aérienne Air China annonce elle une chute de son bénéfice semestriel de 77%.

Cercle vicieux

Les demandes de Wen Jiabao auprès d'Angela Merkel sont d'autant plus pressantes que l'objectif d'un rééquilibrage de la deuxième économie du monde des exportations vers la consommation locale risque d'être encore d'actualité pour le prochain plan quinquennal.

"Le troisième trimestre est une période critique pour la réalisation de l'objectif de croissance des exportations de la Chine de cette année, et nous devrions prendre des mesures ciblées pour stabiliser la croissance », a averti le premier ministre.

Car un cercle vicieux est en train de s'installer où les entreprises chinoises réduisant leurs activités vont devoir procéder à des licenciements qui affaibliront encore davantage le pouvoir d'achat de la population.