Mitt Romney aurait dû ouvrir ses livres d'Histoire

Par Romain Renier  |   |  471  mots
Walt McDougall, New York World, Oct. 30, 1884.
Mitt Romney aurait dû relire ses cours d'Histoire américaine avant de tenir son dîner de récolte de fonds. Car il n'est pas le seul à s'être fait piéger ainsi lors d'une élection américaine. En 1884, James G. Blaine, le candidat républicain, a déjà été victime d'un dîner qui a fini par lui coûter son élection.

Bien connaître l'Histoire évite parfois de commettre certaines erreurs. En tout cas, cela aurait pu rendre un service bien utile à Mitt Romney. Car le candidat républicain n'est pas le premier à s'être fait piéger lors d'un dîner avant une élection présidentielle américaine. En... 1884, le candidat James G. Blaine, républicain lui aussi, avait déjà subi les foudres de la presse et de l'opinion suite à un diner organisé pour une collecte de fonds.

S'attirer le soutien de personnalités de haut rang

Dans la dernière ligne droite avant l'élection, le "chevalier à plumet" comme l'avait surnommé la presse de l'époque, s'était mis bille en tête de gagner New-York pour s'attirer le soutien de personnalités de haut rang. Malgré les conseils contraires du président du parti républicain, l'homme accepta l'invitation à un somptueux dîner avec près de deux-cents convives républicains au Delmonico's, un pimpant restaurant du quartier de Wall Street. Déjà le quartier de la finance à l'époque. Parmi les autres convives, beaucoup de personnalités, connues pour être les plus riches du pays, étaient présentes. Dont l'armateur John Roach (en anglais) et le financier et magnat des chemins de fer Jay Gould (en anglais).

Le candidat des riches

Dans les heures qui ont précédé le dîner, James G. Blaine avait déjà provoqué la colère de toute la communauté irlandaise et catholique new-yorkaise en participant à un rassemblement de plusieurs centaines de prêtres protestants dont le slogan à l'égard des démocrates était : "parti du rhum, du romanisme et de la rébellion". Mais le pot-aux-roses eut lieu lorsqu'au lendemain du dîner avec les ploutocrates new-yorkais, le quotidien The World publia une gravure de l'illustrateur Walt McDougall intitulée "Le festin royal de Belshazzar Blaine et du Roi Argent." Sur cette gravure, on y voit le candidat républicain, entouré de notables, autour de plats sur lesquels il est écrit, "soupe de monopole", "patronat" et "pudding de lobby."

Défaite sur le fil pour le "chevalier à plumet"

Dés lors, toute la presse s'est retournée contre l'homme. Affirmant que sa présidence n'aurait que pour seul effet d'accélérer l'écart qui se creusait, disaient-ils, entre les riches et les pauvres. L'élection, qui a eu lieu quelques semaines plus tard a finalement été remportée par le candidat démocrate de 29.000 voix seulement. Il s'agit de l'une des plus serrées de l'Histoire des Etats-Unis. Et dans l'Etat de New York, où à eu lieu l'affaire et où l'écart a été le plus important, il n'a été que de 1.200 voix. Ce dîner aura donc tout fait basculer. Comme quoi, si la technologie évolue, l'histoire, avec un "h" minuscule cette fois ci, ne change guère.