Pékin cherche toujours le bon réglage de son économie

Par Robert Jules  |   |  527  mots
Des containers chinois dans un port brésilien. Copyright Reuters
La publication d'un indice PMI dans le secteur des services en recul de 2,6 points confirme le ralentissement de la deuxième économie mondiale. Les exportations pâtissent des marchés européens et américains, alors que le pouvoir doit changer de mains à partir du 8 novembre laissant peu de marges de manœuvres à court terme sur le plan macro-économique.

La publication mercredi par le bureau des statistiques chinois d'un indice PMI du secteur des services en forte baisse sur un mois - passé de 56,3 en août à 53,7 en septembre - est venu confirmer le ralentissement inquiétant de l'économie chinoise. Car si l'indice reste supérieur à 50, signifiant une activité en croissance, il s'affiche à son plus faible niveau depuis novembre 2010. Après donc le ralentissement confirmé du secteur manufacturier, c'est l'ensemble des services qui est désormais touché.

Révision de la croissance de 8,2% à 7,7% pour 2012

Sur l'ensemble de 2012, la croissance chinoise est bien partie cette année pour atteindre un taux inférieur à 8 %, soit la plus mauvaise performance depuis plus de dix ans. Ainsi la Banque asiatique de développement (ADB) vient ainsi de réduire de presque 1 point sa projection, de 8,2% à 7,7%, et de 8,7% à 8,1% pour 2013.

Cela va contraindre le gouvernement chinois à envisager de nouvelles mesures de relance, alors que la véritable instance du pouvoir chinois, le parti communiste, tient son congrés le 8 novembre, un événement d'autant plus important qu'il va donner lieu à un changement profond de la composition du bureau politique (politburo), prélude à l'arrivée d'une nouvelle génération à la tête de l'Etat chinois.

Trop de dépendance aux exportations

Le parti communiste doit en effet pouvoir être assuré d'un minimum de soutien de la population pour mener à bien, en particulier le rééquilibrage d'une économie trop dépendante du secteur des exportations en direction de la demande locale. Ces dernières subissent de plien la récession rampante de la zone euro et les difficultés budgétaires américaines.

Un rapport publié par le China Economic Weekly, à partir de données de la China Household Electrical Appliances Association (CHEAA), indique ainsi que le pays concentre 80% des capacités de production des téléviseurs couleurs, 70% des climatiseurs, 50% des réfrigérateurs et 40% des lave-linges. Un marché de l'électro-ménager et de l'électronique grand public qui est fortement exposé au ralentissement de l'économie mondiale.

Le soutien passe en particulier par une baisse de l'immobilier dont les prix restent encore trop élevés pour l'ensemble de la population. Pékin a déjà procédé à un assouplissement monétaire en réduisant son taux en juin et juillet et baisser en mai le ratio de solvabilité des banques pour favoriser le crédit.

"Dilemme de la politique économique"

De fait, Pékin se retrouve à devoir gérer une équation à plusieurs inconnues. "Les difficultés ne se limitent pas aux effets du choc externe. La demande domestique est en train de perdre du dynamisme en raison de facteurs structurels. Les perspectives de croissance future sont le résultat d?une équation ou d?un compromis issu du dilemme de la politique économique face à l?urgence de sauver la croissance de court terme (avec les conséquences de la relance, qui peuvent être déséquilibrantes) et les réformes structurelles favorables pour la croissance de moyen et long terme (qui nécessitent du temps et impliquent l?admission d?un fort ralentissement)", soulignaient ainsi la semaine dernière dans une note les experts des économies émergentes de Natixis.