La Fed ne ménage pas les marchés

Par latribune.fr  |   |  564  mots
Copyright Reuters
Ben Bernanke a confirmé et précisé son cap : il veut sortir du Quantitative Easing d'ici la mi-2014 et compte sur une accélération de la croissance l'an prochain. De quoi bousculer les marchés.

 Ben Bernanke persiste et signe. Le président de la Réserve fédérale américaine n'a pas réellement voulu ménagé les investisseurs. Ces derniers attendaient pourtant fébrilement ses propos à l'issue des deux jours de réunion du comité de politique monétaire de la Fed (FOMC). Depuis le 22 mai, et l'annonce par ce même Ben Bernanke d'une possible réduction des injections de liquidité, actuellement à 85 milliards de dollars par mois, les marchés ont montré des signes d'anxiété. Mais le président de la Fed ne semble désormais n'avoir qu'un objectif : réussir à faire sortir la banque centrale américaine du Quantitative Easing, cette stratégie basée sur l'abondance de liquidités, avant lui-même de quitter la scène. Il a donc tenu le cap de sa stratégie de préparation des marchés à la fin de l'argent facile.


Fin du QE à la mi-2014


Il s'est même voulu plus précis : si la reprise se confirme à la fin de l'année sans envolée inflationniste - scénario qui semble désormais privilégié par la Fed - alors le rythme des injections de liquidités pourrait être réduit. Pour se terminer dès la mi 2014. Mieux même : selon les projections de la Fed, le taux de chômage pourrait reculer plus rapidement que prévu outre-Atlantique. A la fin 2014, il pourrait atteindre les 6,5 % de la population active, un niveau qui sonnerait le signal d'une remontée du taux directeur, actuellement toujours à son niveau plancher de fin 2008 d'une fourchette comprise entre 0 % et 0,25 %. Autrement dit, Ben Bernanke a confirmé que les taux pourraient remonter en 2015, comme s'y attendent la plupart des économistes.


Hausse des taux en 2015 ?


Le travail de préparation des marchés se poursuit donc. Ben Bernanke a désormais les yeux braqués sur la croissance. Les projections de la Fed pour 2014 dénotent la possibilité d'une vraie accélération du PIB américain. Il pourrait progresser l'an prochain de 3 % à 3,5 %, contre 2,8 % attendu jusqu'ici par la Fed. Il est donc temps pour lui de faire machine arrière et de commencer à réduire sinon la taille de son bilan, du moins le rythme de la croissance de celui-ci. Le président de la Fed n'ignore pas que l'on a accusé son prédécesseur Alan Greenspan d'avoir trop longtemps maintenu une politique très accommodante après l'explosion de la bulle Internet en 2000-2001 et d'avoir ainsi encouragé le développement d'autres bulles - notamment immobilières - qui ont donné naissance à la crise de 2007-2008.


Risques


Evidemment, Ben Bernanke a pris un risque : celui de parier sur une adaptation progressive des marchés à l'idée qu'ils devront bientôt se passer de liquidités faciles. Alors même que la reprise est - pour le moment - des plus fragiles. Il a cependant voulu ignorer la menace d'un « krach obligataire » semblable à celui de 1994 qui est évoqué par certains. Reste que les marchés ont assez mal réagi à ces propos. Le Dow Jones a perdu 1,35 % tandis que le 10 ans américain voyait son rendement progresser de 0,13 points de pourcentage à 2,308 %. Il faudra désormais observer si les marchés finissent par se calmer comme l'escompte sans doute Ben Bernanke ou s'ils sont pris de panique. Dans ce cas, un changement de stratégie risque de s'imposer à la Fed.