Accros aux largesses de la Fed, les marchés redoutent une cure de désintoxication

Le comité de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed), qui se réunit mardi et mercredi, pourrait décider d'une réduction des achats d'actifs qui ont permis aux marchés de rebondir, au cours des douze derniers mois. Une perspective qui a provoqué une chute de 5% du CAC 40 et de l'indice Dow Jones Euro Stoxx 50, depuis la fin mai.
Le S&P 500 a perdu près de 3% depuis la fin mai, en raison d'une possible réduction des rachats d'actifs de la Fed. Copyright Reuters
Le S&P 500 a perdu près de 3% depuis la fin mai, en raison d'une possible réduction des rachats d'actifs de la Fed. Copyright Reuters (Crédits : <small>Reuters</small>)

Les marchés financiers ont peur d'être en manque. Depuis quelques semaines, ils redoutent d'être privés de ce qui a été leur carburant ces douze derniers mois, à savoir les injections massives de liquidités effectuées par la Réserve fédérale américaine (Fed), dans le cadre de son programme d'assouplissement monétaire destiné à stimuler la croissance économique. C'est une petite phrase de Ben Bernanke, prononcée fin mai devant le Congrès américain, qui a mis le feu aux poudres : le président de la Réserve fédérale américaine (Fed) avait alors indiqué que le rythme des rachats d'actifs pourrait être ralenti « au cours des prochaines réunions » du comité monétaire de la Fed. Lequel se réunit aujourd'hui et demain.

Preuve de la nervosité des marchés, le S&P 500, l'indice vedette de la Bourse de New York, a perdu près de 3% depuis la fin mai, le CAC 40 a chuté de 5%, tout comme le Dow Jones Euro Stoxx 50, qui regroupe les 50 plus importantes capitalisations européennes. Et la volatilité a ressurgi, le VIX, surnommé « l'indice de la peur », ayant rebondi de près de 50% en un mois. Le tableau n'est pas plus rose du côté des obligations, avec un rendement des bons du Trésor américain qui tutoie les 2,23%, son plus haut niveau depuis plus d'un an.

Le risque de nouvelles bulles

Si les investisseurs redoutent tant le sevrage, c'est parce que la Fed déverse pas moins de 85 milliards de dollars (64 milliards d'euros), chaque mois, sur les marchés, depuis près d'un an. Et ce, via des achats d'actifs tels que des bons du Trésor et des titres adossés à des prêts immobiliers. L'objectif de cette politique monétaire ultra-généreuse, décidée dans le sillage de la crise financière de 2011 : maintenir les taux d'intérêt à long terme à un niveau bas, afin de relancer les dépenses de consommation des ménages et l'investissement des entreprises.

Mais la Fed ne peut poursuivre cette politique monétaire très accommodante sans risquer de contribuer à la formation de nouvelles bulles, en particulier sur les obligations d'Etat. Voire sur les actions américaines, qui ont rebondi de 22% en un an, si bien que leur valorisation a retrouvé sa moyenne des six dernières années, avec un PER (price earning ratio, rapport cours sur bénéfice par action) de 14,9, contre 12,6 pour le CAC 40 et le DJ Euro Stoxx 50. « Les périodes de surabondance de liquidités ont toujours conduit à des situations de bulles », confirme Philippe Ithurbide, responsable de la stratégie chez Amundi. Avec, à la clé, un effondrement des cours des actions et des obligations.

Tester les marchés

Reste que si la Fed met fin trop tôt à sa politique d'assouplissement quantitatif, elle risque de déclencher une remontée des taux d'intérêt, laquelle gripperait le recours des consommateurs et des entreprises au crédit et, partant, la reprise de l'économie américaine. Un scénario qui aurait pour conséquence, lui aussi, une chute des cours.
C'est dire si la Fed devra soigneusement doser le rythme auquel elle entend sevrer les marchés de ses injections de liquidités. Pour ce faire, rien ne vaut quelques tests auprès des investisseurs : « la Fed prendra soin de communiquer au préalable ses intentions aux marchés, afin de limiter leurs réactions », assure Vincent Guenzi, responsable de la stratégie d'investissement chez Cholet Dupont. Peut-être les propos tenus au Congrès par Ben Bernanke, fin mai, ne sont-ils finalement rien d'autre qu'un test ?

 

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Commentaire 1
à écrit le 18/06/2013 à 22:18
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autant arrêter ici cette fuite en avant ..car les "redescentes (néologisme..)" en douceur n'ont jamais existé en Bourse... Autant voir et encaisser les dégâts tout de suite que de ne plus contrôler la situation dans 12 ou 18 mois....Sauf à faire des ...

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