Ukraine : les manifestants pro-européens occupent un ministère

Par latribune.fr  |   |  663  mots
Les manifestants, à l'invitation des chefs de file du mouvement, se sont activés toute la nuit pour repousser les limites du camp retranché constitué autour de la place depuis deux mois. En quelques dizaines de minutes, ils ont dressé une nouvelle barricade haute de près de trois mètres sur la rue Institutska à l'aide de sacs de neige.
Les manifestants ukrainiens pro-européens sont passés à l'offensive ce vendredi en occupant un ministère et en dressant une nouvelle barricade dans le centre de Kiev après des négociations entre le président et les chefs de l'opposition jugées décevantes.

Pas de nouveaux heurts en Ukraine mais les manifestants pro-européens ne désarment pas. Des militants du mouvement d'opposition Spilna Sprava (Cause commune) ont pris d'assaut dans le nuit de jeudi à vendredi le ministère de l'Agriculture situé sur l'avenue principale Khrechtchatik, à 100 mètres de la place de l'Indépendance baptisée Maïdan, haut lieu de la contestation contre le régime depuis plus de deux mois.

"Les militants de Spilna Sprava viennent d'occuper le bâtiment du ministère de l'Agriculture"

Après les négociations jeudi soir entre le président Viktor Ianoukovitch et les leaders de l'opposition qui se sont soldées par de modestes concessions, "il est devenu clair que nous devons préparer nous-mêmes l'offensive promise" par les chefs de l'opposition, a écrit dans la nuit sur son compte Facebook Olexandre Danyliouk, leader du mouvement. "Nous avons commencé. Les militants de Spilna Sprava viennent d'occuper le bâtiment du ministère de l'Agriculture", a-t-il ajouté.

Kiev dont le centre est occupé depuis fin novembre par les manifestants pro-européens après la volte-face du pouvoir sur un rapprochement avec l'Union européenne au profit de la Russie est le théâtre de heurts violents entre manifestants radicaux et forces de l'ordre depuis dimanche qui ont fait cinq morts.

Aucun heurt constaté après l'annonce de l'échec des pouparlers avec Viktor Ianoukovitch

L'opposition a reconnu sa déception jeudi après des pourparlers avec le président Viktor Ianoukovitch et a enjoint les manifestants à tout faire pour éviter une nouvelle flambée de violences. Aucun heurt n'a été constaté après l'annonce de cet échec et le calme demeurait vendredi matin rue Grouchevski, théâtre des affrontements violents des jours précédents, malgré une certaine amertume.

Les manifestants, à l'invitation des chefs de file du mouvement, se sont en revanche activés toute la nuit pour repousser les limites du camp retranché constitué autour de la place depuis deux mois. En quelques dizaines de minutes, ils ont dressé une nouvelle barricade haute de près de trois mètres sur la rue Institutska à l'aide de sacs de neige.

Le boxeur Vitali Klitschko, l'un des leaders de l'opposition, a appelé les manifestants à Kiev dans la nuit à "élargir le territoire de Maïdan tant que le pouvoir ne nous entendra pas". Il a souligné que la seule concession promise jeudi par le président Ianoukovitch était "une promesse de libérer tous les militants et d'arrêter la pression s'il n'y a pas de confrontation".

"Nous devons faire en sorte que toute l'Ukraine se rebelle"

"Plusieurs villes de l'Ouest se sont rebellées aujourd'hui. Il y en aura d'autres demain. Nous devons faire en sorte que toute l'Ukraine se rebelle", a-t-il lancé devant les manifestants. A Lviv, fief des nationalistes pro-européens à l'Ouest de l'Ukraine où des manifestants ont occupé la veille le conseil régional, des barricades ont été érigées vendredi et une scène installée dans le centre-ville.

Au total, des milliers de manifestants ont lancé l'occupation des administrations des gouverneurs de plusieurs régions ukrainophones acquises au mouvement de contestation. Outre Lviv, où les manifestants empêchent le gouverneur nommé par le président de travailler, des occupations au moins temporaires ont été constatées à Ternopil, Rivne, Khmelnitsky (ouest), ou encore Tcherkassy (centre).

Sur le front diplomatique, les appels au dialogue se sont multipliés

L'Union européenne a obtenu l'assurance que le pouvoir ukrainien n'allait pas décréter l'état d'urgence et a annoncé une visite de la diplomate en chef de l'Union européenne, Catherine Ashton, la semaine prochaine.

Le vice-président américain Joe Biden a prévenu Viktor Ianoukovitch que la poursuite des violences aurait des "conséquences" sur les relations entre les deux pays. La Russie, qui a accordé à l'Ukraine un plan de sauvetage financier de 15 milliards de dollars, a promis de son côté de ne pas intervenir "dans les affaires intérieures de l'Ukraine".