Allemagne : les experts s'inquiètent de la "fuite des cerveaux"

Par latribune.fr  |   |  376  mots
Entre 1996 et 2011, plus de 23.000 chercheurs actifs ont émigré, tandis qu'un peu moins de 20.000 sont venus s'installer en Allemagne.
L'Allemagne, victime d'une "fuite des cerveaux" ? C'est la conclusion d'une commission d'experts, qui a remis son rapport mercredi à la chancelière Angela Merkel.

"L'Allemagne perd au moyen de l'émigration beaucoup de ses meilleurs scientifiques", constate un rapport de la Commission innovation et recherche. Remis mercredi à Angela Merkel, il estime que le pays n'arrive à motiver au retour que "peu d'entre eux".

"En particulier pour les meilleurs, le système allemand de recherche ne paraît pas assez attractif", poursuit le texte. La commission d'experts s'inquiète d'une "fuite des cerveaux" qui prive la première économie européenne de certains de ses chercheurs les plus brillants.

23.000 chercheurs émigrés

Entre 1996 et 2011, plus de 23.000 chercheurs actifs ont émigré, tandis qu'un peu moins de 20.000 sont venus s'installer en Allemagne. Dans beaucoup de pays, par exemple aux États-Unis, en Suisse, aux Pays-Bas ou encore en Belgique, les Allemands constituent le plus gros contingent de chercheurs étrangers, relèvent les experts.

Ils conseillent au gouvernement allemand de mettre en place des programmes ciblés incitant les "cerveaux" au retour et facilitant l'organisation de celui-ci, et de poursuivre activement la mise en place de pôles d'excellence dans le système universitaire allemand. En parallèle, ils invitent les instituts de recherche allemands à renforcer leur recrutement de personnels étrangers, et à tout faire pour les garder.

2,9% du PIB pour la recherche et développement

Le rapport, rédigé par les six professeurs d'université membres de la commission, se penche sur plusieurs autres aspects de l'innovation et la recherche en Allemagne. Il salue notamment le fait que les dépenses de recherche et développement du pays atteignent 2,9% du produit intérieur brut (PIB), tout près de son objectif affiché de 3%.

Il note toutefois que de plus en plus d'entreprises allemandes réalisent leurs dépenses de recherche à l'étranger. Entre 2009 et 2011, les dépenses de R&D hors Allemagne des entreprises allemandes ont grimpé de 15,3% par an, contre une hausse de 5,7% des dépenses en Allemagne. Les États-Unis sont le premier pays bénéficiaire de ces dépenses, la France et le Japon figurant également en bonne place, tandis que la place de la Chine croît mais reste peu importante.

En France, les informations alarmistes sur une "fuite des cerveaux" reviennent régulièrement dans l'actualité. Une expression "plutôt abusive" selon une enquête du journal Le Monde, en juillet 2013.