Ukraine : les Occidentaux entre dialogue et menace face à Moscou

Par latribune.fr  |   |  539  mots
Vladimir Poutine a dénoncé un nettoyage ethnique anti-russe en Crimée. (Photo : Reuters)
Les Etats occidentaux hésitent entre menace de boycott et proposition de dialogue avec Moscou, suite à l’action de la Russie en Crimée. L’OSCE pourrait envoyer une mission sur place.

Depuis l'intervention militaire de la Russie en Crimée, les voix s'élèvent pour réclamer des sanctions. Les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne en ont débattu lundi, envisageant notamment un embargo sur les armes. John Kerry, le secrétaire d'Etat américain, a quant à lui dénoncé "l'invasion" de l'Ukraine et évoqué de possibles sanctions internationales contre Moscou, provoquant l'ire du ministre des Affaires étrangères russe, Sergei Lavrov. "Nous estimons ces menaces inadmissibles", a-t-il déclaré dans un communiqué, accusant les Occidentaux de s'être alliés à "de véritables néonazis qui détruisent des églises orthodoxes et des synagogues" en Ukraine. 

Moscou a également dénoncé, par les mots du porte-parole russe du ministère des Affaires étrangères, Alexandre Loukachevitch, la décision des membres du G8, le rassemblement des sept pays les plus industrialisés, de suspendre les préparatifs de la rencontre qui devait avoir lieu à Sotchi en juin. Selon lui, ce boycott empêche toute coopération et tout dialogue.

L'ONU veut calmer le jeu

Face à la défiance, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a appelé, lors d'une conférence de presse à Genève, à un "dialogue immédiat" entre les parties, qu'il a exhortées à "s'abstenir de faire de la rhétorique". Des déclarations qui n'ont pas empêché John Kerry et Sergei Lavrov de s'opposer par communiqués interposés lundi. 

Le contexte est d'autant plus tendu que les bourses mondiales dévissent. Les prix du pétrole, dont la Russie est l'un des principaux exportateurs, et des céréales, dont l'Ukraine est l'un des principaux producteurs, flambent.  Afin de rassurer l'opinion quant à d'éventuelles représailles commerciales de la part de la Russie, Berlin est allé jusqu'à préciser que le pays était "bien préparé à d'éventuels problèmes d'approvisionnement" en énergies fossiles russes, qui représentent 35% de la consommation allemande en gaz naturel et pétrole.

L'OSCE, une porte de sortie pour Vladimir Poutine

Mais le ministre des affaires étrangères russe a également fait preuve de bonne volonté, en acceptant de rencontrer le président suisse de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), Didier Burkhalter. Celui-ci avait suggéré, devant le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU, l'envoi d'une mission en Ukraine pour enquêter sur les événements dans le pays. Le président Obama lui-même avait déjà proposé, après un long entretien téléphonique avec Vladimir Poutine ce samedi, le déploiement d'observateurs internationaux de l'OSCE et de l'ONU afin d'empêcher toute discrimination ethnique contre les minorités russes en Ukraine.

L'OSCE, qui a développé une expertise dans la gestion de la question des frontières, notamment en organisant des élections libres dans les ex-républiques soviétiques, compte la Russie parmi ses membres. Henry Farrell, spécialiste américain des relations internationales, estime ainsi qu'une intervention de l'OSCE constitue un échappatoire qui permettrait à Poutine de se dégager du conflit tout en gardant la tête haute. Mais comme le dit Henry Farrell, la question est de savoir si Vladimir Poutine souhaite vraiment sortir de ce conflit.