"Nous avons les moyens de payer le prix de notre indépendance " (Premier ministre ukrainien)

Par latribune.fr  |   |  351  mots
Le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk est prêt à défier la Russie sur le plan économique pour garder l’indépendance de son pays. (Photo : Reuters)
Le Premier ministre ukrainien par intérim, Arseni Iatseniouk, est conscient de l'énorme pression économique que peut exercer la Russie sur son pays, mais pense l'Ukraine capable de relever le défi de son libre-arbitre vis-à-vis de Moscou.

 Il lui faudra du courage et de la fermeté, mais Arseni Iatseniouk semble prêt à relever le défi. Le Premier ministre Ukrainien s'est engagé aujourd'hui, dans une interview à l'agence Reuters, à "tout mettre en oeuvre" économiquement pour ne pas tomber dans le giron de Moscou et conserver un pouvoir décisionnel pour son pays. Quitte à adopter des mesures d'austérités impopulaires. 

Un gouvernement "kamikaze"

Pour contrer les pressions constantes du Kremlin, l'Ukrainien de 39 ans doit assainir et redresser les finances de son pays. Des objectifs que son "gouvernement kamikaze", comme il le désigne, a déjà bien à l'esprit : 

"Il faut commencer par doubler les tarifs du gaz pour les particuliers à partir du 1er mai et geler les retraites et les salaires."

Ces réformes vont s'appliquer sur fond de récession de l'activité économique. Le PIB Ukrainien devrait reculer de 3% cette année et l'inflation flirter avec les 15%, selon la Banque Mondiale. Sans compter la chute du pouvoir d'achat et les conséquences sociales pour la population. 

"L'aide du FMI peut permettre à l'Ukraine de regagner la confiance des investisseurs"

Dans ce contexte particulièrement défavorable, le soutien financier du Fonds Monétaire International (FMI), qui a accepté la semaine dernière de débloquer entre 14 et 18 milliards de dollars en échange de mesures strictes d'ajustement, serait un "immense progrès", note le Premier ministre. Il ajoute :

"Nous allons regagner de la confiance et de la crédibilité chez les investisseurs étrangers, c'est la feuille de route pour l'Ukraine."

À défaut d'une telle assistance financière, les autorités de Kiev estiment que l'activité économique pourrait s'effondrer de 10% cette année.

De sombres prévisions après l'annexion de la Crimée par la Russie le 21 mars dernier. Une amputation du territoire ukrainien que l'ancien chef de file de la contestation de Maïdan qualifie de "crime international". Une annexion que jamais Kiev "ne reconnaîtra jamais", a assuré Arseni Iatseniouk, même en échange d'un rétablissement de bonnes relations avec Moscou. Et pour cause, "le temps viendra où l'Ukraine reprendra le contrôle de la Crimée".