Ukraine : les activistes pro-russes ne désarment pas, au contraire

Par latribune.fr  |   |  619  mots
Des milliers d'activistes pro-russes occupaient ce samedi des bâtiments publics dans l'est de l'Ukraine. De nouvelles actions ont été menées. Le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk a effectué vendredi une visite de quelques heures à Donetsk où il a prôné l'apaisement.

Des activistes pro-russes armés ont pris samedi le contrôle de bâtiments publics dans une nouvelle ville russophone de l'Ukraine, Slaviansk, localité d'une centaine de milliers d'habitants, rejoignant les milliers d'autres qui occupaient toujours samedi des immeubles administratifs dans l'est de l'Ukraine.

Pour tenter de dénouer la crise suscitée par les événements d'Ukraine, la pire depuis la fin de la guerre froide, une réunion quadripartite se tiendra le 17 avril à Genève entre l'Ukraine, la Russie, les Etats-Unis et l'Union européenne, a annoncé le département d'Etat américain.

Le secrétaire d'Etat John Kerry ira à Genève pour "poursuivre les efforts de désescalade de la situation en Ukraine et trouver une voie diplomatique", a indiqué le département d'Etat. L'Ukraine devrait être représentée à Genève par son ministre des Affaires étrangères Andrii Dechtchitsa, et l'Union européenne par Catherine Ashton.

Visite de quelques heures

Le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk a effectué vendredi une visite de quelques heures à Donetsk, l'une des deux grandes villes de l'est russophone, où plusieurs milliers d'activistes pro-russes se sont emparés de bâtiments publics. Des troubles qui ont fait craindre aux Occidentaux une intervention russe, Moscou a massé, selon l'Otan, jusqu'à 40.000 hommes à la frontière et le président russe Vladimir Poutine s'est engagé à protéger "à tout prix" les populations russes de l'ancienne Union soviétique.

Les activistes, pour certains armés, occupent depuis dimanche le bâtiment de l'administration régionale à Donetsk et celui des Services de sécurité (SBU) à Lougansk, villes situées à quelques dizaines de kilomètres de la frontière russe. Arsen Avakov, ministre de l'Intérieur du gouvernement ukrainien arrivé au pouvoir fin février après le renversement du président pro-russe Viktor Ianoukovitch, avait menacé les séparatistes qui ne déposeraient pas les armes de recourir à la force.

Vers l'apaisement?

Mais Arseni Iatseniouk s'est voulu plutôt apaisant, affirmant qu'il n'y avait "pas de voie pour la force". Il a offert des garanties aux séparatistes. Le Premier ministre s'est engagé à proposer avant l'élection présidentielle anticipée du 25 mai des révisions constitutionnelles pour "équilibrer les pouvoirs entre le pouvoir central et les régions". Et il a promis de ne toucher "sous aucun prétexte" aux lois garantissant le statut des langues autres que l'ukrainien.

Mais les séparatistes, soutenus par la Russie, exigent une "fédéralisation" de la Constitution ukrainienne. Ce que refuse le pouvoir pro-occidental de Kiev, qui y voit la porte ouverte à un éclatement du pays et refuse d'aller plus loin qu'une "décentralisation".

Kiev et les Occidentaux craignent de voir se développer dans l'est de l'Ukraine un scénario analogue à celui de la Crimée, péninsule ukrainienne rattachée à la Russie en mars après un référendum qu'ils n'ont pas reconnu. Le Trésor américain a d'ailleurs annoncé vendredi des sanctions contre sept personnes déjà sanctionnées par l'Union européenne - six responsables criméens et un ancien responsable ukrainien - et contre un groupe gazier criméen.

Le gaz en question

La question des livraisons de gaz russe est également très présente dans le débat Est-Ouest. Jeudi, le président russe Vladimir Poutine avait mis les Européens en demeure d'apurer les milliards de dette gazière de l'Ukraine, sous peine de voir leur approvisionnement menacé comme pendant les "guerres du gaz" de 2006 et 2009. Vendredi, Burxelles a appelé la Russie au "respect de ses engagements", soulignant que les achats gaziers européens "contribuaient pour à peu près 50% aux recettes du budget fédéral russe". Vladimir Poutine a assuré que les engagements russes seraient tenus.