Ukraine : le Parlement européen hausse le ton, la Commission pense au gaz

Par latribune.fr  |   |  597  mots
Le Parlement européen "estime que la situation actuelle requiert du Conseil", qui représente les Etats, "qu'il renforce la deuxième phase des sanctions et se prépare à lancer la troisième phase des sanctions (économiques), qui doit être enclenchée immédiatement". (Photo : Reuters)
Le Parlement européen a haussé le ton dans une résolution non contraignante face à la Russie jeudi. Elle appelle à un renforcement des sanctions et qualifie les agissement de la Russie d'acte d'agression contre l'Ukraine. De son côté, la Commission est plus obsédée par les menaces de coupure du gaz russe à destination de l'Europe.

L'Ukraine sème la zizanie dans l'Union européenne. D'un côté, la Commission européenne ne sait comment traiter la question Ukrainienne sans s'attirer les foudres de la Russie, qui menace de couper le gaz à l'Europe occidentale. De l'autre, il y a le Parlement européen qui a demandé jeudi que l'Union européenne "renforce" les sanctions économiques ciblées contre les oligarques russes et de "se préparer à lancer" des sanctions économiques directement contre Moscou.

Les Etats sommés d'envoyer un message fort

Le texte a été présenté au Parlement par le centre-droit du PPE, les libéraux, les écologistes et les conservateurs britanniques. Non contraignant, il a été adopté par 437 voix contre 49, et 85 abstentions, dont la plupart des membres du groupe socialiste qui n'avait pas souhaité s'y associer le jour des pourparlers de Genève pour tenter de trouver une solution politique à la crise.

Le Parlement européen "estime que la situation actuelle requiert du Conseil", qui représente les Etats, "qu'il renforce la deuxième phase des sanctions et se prépare à lancer la troisième phase des sanctions (économiques), qui doit être enclenchée immédiatement".

Selon l'institution, des sanctions doivent être prises "contre les entreprises russes et leurs filiales, en particulier dans le secteur de l'énergie, et contre les investissements et les avoirs russes détenus dans l'Union, et invite celle-ci à revoir tous ses accords avec la Russie en vue de leur éventuelle suspension".

L'Ukraine fondée à se défendre militairement contre la Russie

Les termes sur la situation en Ukraine sont sans ambigüité :

Le Parlement "exprime ses plus vives préoccupations face à la détérioration rapide de la situation et aux bains de sang dans l'Est et le Sud de l'Ukraine, exhorte la Russie à retirer sans délai son soutien aux séparatistes violents (...), à cesser immédiatement toute incitation au désordre et à la déstabilisation, à retirer ses troupes de la frontière orientale de l'Ukraine et à oeuvrer à la résolution pacifique de la crise par les voies politiques et diplomatiques".

Il affirme par conséquent que les autorités ukrainiennes "sont pleinement habilitées à recourir à toutes les mesures nécessaires, notamment au droit à l'autodéfense" inscrit dans la charte des Nations Unies, et demande "vivement à la Russie de ne pas se servir du prétexte que l'Ukraine est légitimement fondée à défendre l'intégrité de son territoire pour lancer une invasion militaire à grande échelle". 

La Commission essaie de temporiser

Du côté de la Commission, la principale préoccupation est plutôt celle du gaz. Menacée directement par Poutine de voir le gaz vers l'Europe coupé, elle a accepté de discuter avec Vladimir Poutine, le président Russe.Ce dernier donne un mois à l'Union européenne pour trouver une solution aux problèmes de paiement du gaz russe par l'Ukraine.

Kiev a en effet accumulé 2,2 milliards de dollars de factures de gaz impayées, et rejette l'augmentation de 80% du tarif décidé début avril par Moscou.

Jeudi, dans une lettre adressée à Vladimir Poutine, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso a annoncé que l'UE acceptait de mener de telles discussions.

"Il est de notre intérêt commun d'engager rapidement ces discussions incluant l'Ukraine", a-t-il déclaré, dans cette lettre rendue publique avant les déclarations de Vladimir Poutine fixant un délai d'un mois aux Ukrainiens.

Elles devraient "aider à éviter un scénario extrême", a ajouté le président de la Commission, mettant cependant en garde le président russe contre l'emploi de menaces.