"Il ne devrait pas y avoir de scénario noir pour les banques françaises en Ukraine"

Un responsable de la Réserve fédérale américaine (Fed) s'est alarmé mardi de la "position vulnérable" des banques européennes face à la crise ukrainienne. Christophe Nijdam, analyste bancaire chez AlphaValue, estime que les établissements français ayant des filiales dans cette région ne présentent pas de risques d'être affectés.
"Je n'attends pas de drames pour les groupes français qui ont des filiales en Ukraine". (Crédit Photo : Scoop it)

Les banques européennes seraient très exposées à la crise en Ukraine. Du moins c'est ce qu'a affirmé mardi l'un des responsables de la Fed Eric Rosengren. Qu'en est-il des banques françaises déjà lourdement affectées par la crise financière? Pour Christophe Nijdam, analyste du secteur bancaire français chez AlphaValue, les établissements français comme Société générale, BNP Paribas ou le Crédit Agricole ne devraient pas pâtir outre mesure de la crise ukrainienne. Explications. 

Quels sont les liens économiques entre les banques françaises et l'Ukraine?

Deux établissements bancaires français ont des filiales en Ukraine. Il s'agit de BNP Paribas et du Crédit Agricole. Elles ont toutes les deux une filiale bancaire de plein exercice implantée dans ce pays. Ces deux banques ont vu leur environnement en Ukraine évoluer depuis déjà plusieurs années. L'économie ukrainienne s'était fortement dégradée en quelques semaines lors de la crise de 2008. A cette occasion, elles avaient donc réduit leur bilan, fermé des agences sur place et licencié du personnel. Ce qui reste aujourd'hui en Ukraine est bien moindre.

En revanche, Société Générale possède Rosbank en Russie, une filiale plus importante que celles de la BNP Paribas et du Crédit Agricole en Ukraine. Comme ces dernières, c'est une filiale de plein exercice pour laquelle Société Générale détient 99,4% du capital.

L'exposition des banques les rend-elles particulièrement vulnérables face à la montée des violences dans le pays?

Je n'attends pas de drames pour ces groupes français. Même si la crise s'accentuait, ses conséquences ne devraient pas remonter jusqu'aux maisons-mères. Ce serait leurs filiales qui encaisseraient le choc et pourraient être affectées. Il est vrai que Société Générale devra peut-être se montrer prudente dans ses activités en Russie, alors qu'elle y place des grands espoirs de développement [NDLR vendredi dernier la banque a renforcé sa participation dans sa filiale russe Rosbank avec le rachat des 7% détenus par la société d'investissement Interros et a assuré, dans un communiqué, s'inscrire dans une vision "à long terme avec la Russie"].

Le scénario noir, auquel je ne crois pas, serait un conflit militaire entre la Russie et l'Ukraine, avec un embargo europeano-américain. Dans ce cas, le développement de Rosbank en pâtirait et on pourrait observer des conséquences graves sur le secteur bancaire russe, ainsi qu'un fort recul des places boursières occidentales. Mais, je le répète je n'y crois pas pour l'instant.

Dans ce cas, pourquoi un membre de la Fed fait-il ainsi planer cette menace sur les établissements européens?

Je resterais prudent sur ses déclarations. C'est un point de vue tactique bien américain dans le but de faire monter la pression sur les Européens. En dramatisant la situation, cela permet d'ajouter du poids de leur côté dans la balance et de faire porter la responsabilité de la situation sur la Russie plutôt que sur les origines géo-stratégiques réelles de ce conflit. Les Etats-Unis défendent leur propre intérêt économique et non pas celui de la zone euro, qu'ils ne souhaitent pas voir faire trop de concurrence au privilège exorbitant du dollar. C'est une certaine forme de cynisme stratégique.

Commentaire 1
à écrit le 16/04/2014 à 21:59
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les banques?? on s'en bat les couettes! de toute façon, au point où on en est, on peut s'attendre à tout..

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