L'Australie réfléchit à la retraite à 70 ans

Par latribune.fr  |   |  611  mots
L'Australie pourrait introduire la retraite à 70 ans.
Le nouveau gouvernement libéral australien veut relever l'âge de départ à la retraite à 70 ans. Certains Européens trouvent déjà l'idée alléchante.

Les Australiens pourraient un jour devoir attendre 70 ans pour partir à la retraite. Le nouveau gouvernement libéral de la Grande Ile ne cesse en effet d'envoyer des signaux dans ce sens à sa population. Et il pourrait annoncer une décision dans ce sens dès la présentation de son premier budget à la mi-mai.

La retraite à 70 ans dès 2029 ?

En 2008, le gouvernement travailliste, battu aux élections générales de l'an passé, avait déjà relevé l'âge de départ à la retraite de 65 à 67 ans. Une évolution progressive s'étalant à partir de 2023. Mais le Comité parlementaire des dépenses a récemment proposé de repousser à 70 ans en 2029 l'âge de départ à la retraite pour rendre le système de financement des retraites en Australie « soutenable. »

Promesse oubliée ?

Le ministre des Finances (Treasurer) Joe Hockey, 48 ans, a donc prévenu qu'il « pourrait être nécessaire pour ma génération de travailler trois ans de plus et nous devons redessiner notre système pour prendre en compte ce fait. » Il a appelé à un « débat mature » sur le sujet. Mais de son côté, l'opposition travailliste accuse le premier ministre libéral Tony Abbot d'avoir oublié sa promesse électorale de ne pas changer les règles de départ en retraite.

Autres options

Plusieurs options sont possibles en plus du relèvement de l'âge de départ à 70 ans. Joe Hockey n'a, par exemple, pas exclu de faire appel aux patrimoines des retraités et de faire dépendre leurs pensions de ce patrimoine. Egalement à l'étude : la possibilité de lier la revalorisation des pensions à l'inflation et non à une moyenne d'évolution des revenus comme aujourd'hui.

Une aide généreuse pour les parents

Parallèlement, le gouvernement Abbot entend mettre en place une de ces promesses électorales : une indemnité parentale qui compense entièrement les pertes de revenus du parent qui décide de s'occuper pendant six mois d'un nouveau-né jusqu'à 50.000 dollars australiens (environ 34.000 euros). Un schéma coûteux, mais qui, selon Joe Hockey, permettra à beaucoup de femmes de conserver leur poste après une naissance et, ainsi, favorisera les rentrées fiscales de l'Etat et le financement des retraites.

Amélioration de la compétitivité australienne

Joe Hockey est un fervent défenseur des « réformes structurelles. » Lors de la réunion du G20 à Washington le 13 avril, il avait fustigé le comportement des grandes économies mondiales qui n'avaient réalisé que « 10 % des réformes » nécessaires. S'appuyant sur une étude du FMI qui prévoit que d'ici 2030, le coût de l'Etat providence sera de 4 points de PIB de plus par an, il estime que l'Australie, qui vient de bénéficier de 22 ans consécutifs de croissance, ne peut compter sur le même schéma à l'avenir. Sauf à améliorer sa productivité et sa compétitivité. Pour cela, il lui faut plutôt baisser les impôts que les augmenter, pense-t-il. D'où la volonté de repousser l'âge de départ à 70 ans. D'ici 2050, le nombre d'Australiens de 65 à 84 ans devrait doubler, celui des plus de 85 ans devrait quadrupler.

Un exemple en Europe ?

En tout cas, l'Australie commence déjà à donner des idées en Europe. Le commissaire européen à l'énergie, l'Allemand Günther Öttinger a en effet invité ses compatriotes dans une interview accordé la semaine dernière à Die Welt à « parler de la retraite à 70 ans. » Un rapport des sages avait déjà, en 2012, évoqué la nécessité outre-Rhin de relever l'âge de la retraite à 69 ans. Mais les Sociaux-démocrates ont obtenu de la chancelière la possibilité pour certains salariés de partir à 63 ans. Une décision qui déplaît fortement au patronat allemand.