Elections - illégales - sous hautes tensions en Ukraine

Par La Tribune, avec AFP  |   |  928  mots
Les Russophones de Donetsk et de Lougansk se prononcent ce dimanche pour leur souveraineté
Des millions d'Ukrainiens de l'Est sont appelés à se prononcer sur l'"indépendance" des "républiques populaires" autoproclamées de Donetsk et de Lougansk, deux régions frontalières de la Russie, dont les insurgés contrôlent les principales villes. Les résultats seront connus dans la nuit. Dès son arrivée à Bakou, la capitale de l'Azerbaïdjan, François Hollande a dénoncé de «vraies-fausses» consultations " nulles et non avenues ".

Les Ukrainiens de l'Est se sont rendus aux urnes dimanche pour décider du sort de leur région, un vote jugé "illégal" par Kiev et l'Occident mais qui pourrait déboucher de facto sur une sécession historique de cette partie du pays.

Quasi-simultanément, les combats ont repris pendant quelques heures dans la périphérie de Slaviansk, bastion des insurgés pro-russes encerclé par les forces ukrainiennes qui y ont déclenché début mai une vaste opération militaire, a constaté l'AFP.

Des millions d'Ukrainiens de l'Est sont appelés à se prononcer sur l'"indépendance" des "républiques populaires" autoproclamées de Donetsk et de Lougansk, deux régions frontalières de la Russie, dont les insurgés contrôlent les principales villes. 

Les premiers résultats tomberont dans la nuit de dimanche à lundi

Les premiers résultats sont attendus dans la nuit

Dès son arrivée à Bakou, la capitale de l'Azerbaïdjan, pour une tournée de trois jours dans le Caucase du Sud, François Hollande a dénoncé de " vraies-fausses " consultations «nulles et non avenues», alors qu'il était interrogé sur le référendum organisé par les séparatistes pro-russes à Donetsk et Lougansk. " La seule élection qui vaudra " sera l'élection présidentielle du 25 mai en Ukraine, a déclaré le chef de l'Etat.

Pas de légitimité pour Kiev

Les autorités de Kiev dénient toute légitimité à ces consultations et qualifient les séparatistes de "terroristes" appuyés par Moscou. Elles se montrent déterminées à mener à bien le scrutin présidentiel anticipé prévu le 25 mai, et accusent la Russie de vouloir le faire dérailler.

De leur côté, les rebelles ne reconnaissent pas les autorités pro-européennes provisoires au pouvoir à Kiev depuis la chute du président Viktor Ianoukovitch fin février, qu'ils qualifient de "fascistes".

Une forte participation?

A Slaviansk, où le maire autoproclamé Viatcheslav Ponomarev avait promis samedi une "participation de 100%", une foule dense se pressait dimanche matin dans deux bureaux de vote du centre.

A Donetsk, la plus grande ville de la zone contrôlée par les pro-russes, une femme, Victoria Petrovna, vote en expliquant qu'il s'agit d'un jour "important". "On nous dit de venir voter donc il est essentiel de le faire", souligne-t-elle.

"Nous venons nous battre pour nos droits et devenir indépendants. Si nous devenons indépendants ce sera dur au début mais c'est toujours mieux que d'être avec des fascistes", souligne Tatiana, une fleuriste de 35 ans.

Des bulletins imprimés à la hâte

Sur les bulletins, imprimés à la hâte par les rebelles, figure la question: "Approuvez-vous l'indépendance de la République populaire de Donetsk ?" ou "Approuvez-vous l'indépendance de la République populaire de Lougansk ?".

"Tout se passe comme nous l'avions prévu, les bureaux ont ouvert à l'heure, et il y a du monde qui vient voter", s'est pour sa part félicité Mykola Solntsev, un responsable de l'organisation du référendum à Donetsk.

Irina, à l'inverse, n'"ira pas voter". "Tout cela me met très mal à l'aise. Ce n'est pas un vote normal. Regardez ce qui se passe, les gens vont voter au milieu d'hommes qui portent des armes. Nous avons une région magnifique et nous allons la faire couler", a-t-elle dit à l'AFP alors qu'elle se promenait dans le centre de Donetsk.

Bis repetita ?

La crainte de Kiev et des Occidentaux face à ce scrutin est de voir se reproduire dans l'est de l'Ukraine un scénario similaire à celui qui a abouti en mars au rattachement de la Crimée à la Russie, ouvrant la pire crise diplomatique entre Occident et Russie depuis la fin de la Guerre froide.

Les Etats-Unis ont réaffirmé samedi soir qu'ils ne reconnaîtraient pas le résultat de ces référendums, "illégaux en vertu du droit ukrainien et (qui) sont une tentative pour créer des divisions et des troubles".

Les Occidentaux ont déjà mis en place ces dernières semaines une série de sanctions à l'égard de la Russie, qu'ils accusent de piloter les troubles dans l'Est, et menacent de les étendre si l'élection présidentielle n'a pas lieu.

François Hollande et Angela Merkel haussent le ton

"Un échec de la tenue des élections présidentielles internationalement reconnues déstabiliserait encore plus le pays", ont souligné samedi la chancelière allemande Angela Merkel et le président français François Hollande.

Pour la première fois depuis le début de la crise, Herman Van Rompuy, le président du Conseil européen, qui représente les 28 dirigeants de l'UE, se rendra lundi à Kiev.

Vladimir Poutine parade en Crimée

Le président Vladimir Poutine de son côté a défié les Occidentaux en assistant en personne vendredi à une parade militaire en Crimée où il a affirmé que son rattachement à la Russie constituait un acte de "fidélité à la vérité historique".

La situation militaire restait tendue dans l'est de l'Ukraine, après la reprise des combats dans la nuit de samedi à dimanche près de Slaviansk, a constaté l'AFP. L'armée ukrainienne a lancé le 2 mai une opération destinée à reprendre le contrôle de cette zone et encercle la ville depuis plusieurs jours. De nombreuses et très fortes détonations ont retenti dimanche en début de matinée, avant de s'apaiser, a constaté l'AFP.

 Les affrontements armés dans l'Est et le Sud de l'Ukraine ont fait des dizaines de morts ces deux dernières semaines.