La Chine "fête" les 25 ans de Tian'anmen... en bloquant Google

Par Tiphaine Honoré  |   |  357  mots
Plusieurs services de Google comme Gmail ou Picasa auraient été rendus inaccessibles en Chine depuis hier, deux jours avant le 25e anniversaire de l'assaut donné contre les manifestants. | REUTERS
Aujourd'hui, les événements de la place Tian'anmen de Pékin ont 25 ans. En Chine, cet anniversaire est loin d'être commémoré. Au contraire, depuis dimanche, internet, et Google en particulier, font les frais de la censure du gouvernement, qui veut éviter à tout prix d'évoquer la répression du soulèvement étudiant.

Pendant que 3.000 personnes défilaient dimanche dans les rues de Hong Kong, seule ville chinoise à commémorer la répression meurtrière de Tian'anmen en 1989, le Parti communiste chinois (PCC) s'employait à censurer un peu plus internet pour éviter toute évocation de l'événement.

Des services inutilisables depuis Pékin, Shenzen, la Mongolie et le Yunnan

Plusieurs services de Google comme Gmail ou Picasa auraient été rendus inaccessibles à travers le pays depuis samedi, quelques jours avant le 25e anniversaire de l'assaut donné contre les manifestants, explique un article du China Post. Selon le blog GreatFire.org qui observe et recense les actes de censures du gouvernement sur Internet, "Le blocage est généralisé car il concerne tous les services de Google, encryptés ou non, venant de l'étranger". Pour ces spécialistes du net, des "interférences sérieuses" dans les recherches de Google seraient déjà effectives, que ce soit pour des mots, des images ou encore de la traduction.

Google peu téméraire pour défendre la liberté d'information

Les rédacteurs chinois du blog se demandent néanmoins si ces mesures sont prises seulement à l'approche du 4 juin, ou bien si elles sont amenées à durer, car cela fait maintenant quatre jours que certains services sont presque inutilisables. En 2012 par comparaison, la censure n'avait duré "que" 12 heures. Pour les auteurs de GreatFire : 

"Il s'agit du plus grand blocage jamais réalisé. Nous condamnons ces actes avec ferveur.

Et d'ajouter :

Google pourrait le contester, mais il a choisi de ne pas le faire. Il pourrait par exemple réussir à débloquer les IP et activer une fonction anti-censure sur Chrome. En 2009, il (le géant de l'internet) avait quitté la Chine pour contourner la censure depuis l'étranger. Aujourd'hui, ses priorités ont changé. Il souhaite se faire bien voir du PCC et ne va pas lutter à mort pour la liberté d'information."

Le blog relate également les efforts déployés par les autorités sur les réseaux sociaux pour éviter toute évocation de Tian'anmen. Weibo, le Twitter chinois a déjà supprimé les hashtags "Tiananmen" et "25 years ago" de sa plateforme.