L'avion ukrainien abattu va-t-il relancer l'escalade entre l'Ukraine et la Russie ?

Par latribune.fr  |   |  665  mots
Kiev et les Occidentaux ne cessent d'accuser Moscou d'agir en sous-main pour soutenir l'insurrection armée en Ukraine en lui envoyant des armes
Un avion de transport militaire ukrainien a été abattu samedi par des séparatistes prorusses, faisant 49 morts. Cette attaque met à mal l'espoir d'une détente né ces derniers jours.

Un avion de transport militaire ukrainien a été abattu samedi par des séparatistes prorusses, faisant 49 morts dans l'attaque la plus meurtrière depuis le lancement il y a deux mois d'une opération "antiterroriste" de Kiev dans l'Est rebelle. Un porte-parole militaire ukrainien, Vladislav Selezniov, a annoncé à l'AFP que toutes les personnes à bord de l'avion IL-76 de l'armée avaient péri dans cette attaque à Lougansk, l'un des bastions de l'insurrection prorusse dans l'est du pays. Cette attaque met à mal l'espoir d'une détente né ces derniers jours après les premiers contacts entre le nouveau président ukrainien Petro Porochenko et son homologue russe Vladimir Poutine.

"Il y avait à bord neuf membres d'équipage et 40 parachutistes. Ils sont tous morts", a indiqué à l'AFP ce porte-parole. "Les terroristes ont tiré cyniquement et traîtreusement avec une mitrailleuse lourde et touché l'avion IL-76 de l'armée de l'air ukrainienne qui transportait des troupes en rotation et était sur le point d'atterrir à l'aéroport de Lougansk", a indiqué de son côté le ministère de la Défense dans un communiqué. Le ministère a présenté ses condoléances "aux familles des soldats tués".

Frappes et explosions à Lougansk

Selon un photographe de l'AFP à Lougansk, ville de 500.000 habitants près de la frontière avec la Russie, on pouvait entendre samedi à l'aube dans le centre-ville de fortes explosions. Des avions et hélicoptères de l'armée ukrainienne ont effectué dans la nuit des frappes contre les barrages séparatistes. L'aéroport international de Lougansk a été le théâtre la semaine dernière d'une attaque séparatiste qui a été repoussée par les forces ukrainiennes.

L'aéroport international de Donetsk, chef-lieu de l'Est séparatiste, attaqué par les rebelles fin mai, a été repris par les forces gouvernementales à l'issue d'une contre-attaque, avec l'intervention d'avions de combat et d'hélicoptères, qui a fait une quarantaine de morts du côté des séparatistes, la plupart de nationalité russe.

Moscou en sous-main ?

Kiev et les Occidentaux ne cessent d'accuser Moscou d'agir en sous-main pour soutenir l'insurrection armée en Ukraine en lui envoyant des armes. Les Etats-Unis ont affirmé vendredi que la Russie avait fourni aux insurgés prorusses dans l'est de l'Ukraine des chars et des lance-roquettes, du matériel qui a franchi ces derniers jours la frontière entre les deux pays. La présidence ukrainienne avait affirmé jeudi que des "rebelles dans l'Est" avaient "utilisé pour la première fois des chars" ayant "fait incursion depuis la Russie".

Le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, s'est déclaré préoccupé par les informations selon lesquelles les groupes prorusses en Ukraine s'équipaient d'"armes lourdes en provenance de Russie, y compris des tanks". "Si ces informations étaient confirmées, cela marquerait une sérieuse escalade de la crise dans l'est de l'Ukraine", a-t-il ajouté. De son côté, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a demandé à la Russie d'entamer un processus de désescalade, d'aider à désarmer les rebelles prorusses et stopper le flot d'armes et de combattants entrant en Ukraine, dans un entretien téléphonique vendredi avec Vladimir Poutine. 

Menaces de sanctions contre la Russie

"La Russie va rétorquer que ces chars ont été pris aux forces ukrainiennes, mais aucune unité de tanks ukrainiens n'opère dans cette zone. Nous sommes persuadés que ces chars viennent de Russie", a accusé le porte-parole du département d'Etat américain, Marie Harf, vendredi dans un communiqué. "Des négociateurs ukrainiens et russes se retrouveront ce week-end à Kiev pour discuter de la mise en oeuvre du plan de paix", a encore dit Marie Harf. Si "la Russie ne parvient pas à faire baisser la tension, il y aura un prix supplémentaire" à payer, a prévenu la responsable américaine. Washington utilise depuis des mois cette formule en référence aux sanctions prises contre Moscou pour ses agissements en Ukraine.