Irak : les États-Unis n'excluent pas de collaborer avec l'Iran

Par latribune.fr  |   |  475  mots
Le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, mentionne une négociation avec l'Iran au sujet de l'offensive djihadiste en Irak
Les Etats-Unis sont ouverts à des discussions avec l'Iran sur les moyens de contrer l'offensive djihadiste en Irak, a déclaré lundi John Kerry.

C'est confirmé. Washington est prêt à discuter avec Téhéran afin de trouver une solution à la crise qui secoue l'Irak. L'Iran chiite, inquiet de la montée en puissance du mouvement djihadiste sunnite, l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), avait offert ses services aux États-Unis vendredi dernier. Ce week-end, le Wall Street Journal annonçait une réponse positive des Américains. Le secrétaire d'État, John Kerry, est venu lui-même officialiser la nouvelle lundi.

"Je n'exclurais rien qui puisse être constructif", a en effet déclaré le secrétaire d'Etat américain à Yahoo News.

Des alliés difficiles à convaincre

Il aurait par ailleurs appelé son homologue irakien Hoshyar Zebari samedi pour lui signifier ses intentions. Mais pour le moment, Bagdad tente toujours de repousser les offensives de l'EIIL sans aide extérieure. Les États-Unis n'ont actuellement pas de forces militaires présentes sur le territoire irakien, après le retrait en 2011 de leurs troupes. Par ailleurs, une intrusion de forces armées iraniennes en Irak serait vue d'un très mauvais oeil par Bagdad.

En attendant un mouvement des autorités irakiennes, Washington considère que le rapprochement avec Téhéran, considéré comme un ennemi des États-Unis depuis 34 ans, est impératif. Mais il comporte un risque de taille. Celui de polariser les deux camps, sunnite et chiite, les deux parties qui s'opposent actuellement en Irak. En effet, la minorité sunnite, au pouvoir sous Sadam Hussein, s'estime aujourd'hui marginalisée par des autorités dominées par les chiites. Une alliance des américains avec l'Iran chiite pour venir à bout de l'EIIL sunnite risque d'être très mal perçue dans ces conditions. Par ailleurs, une telle alliance a aussi de quoi inquiéter les alliés de Washingtion au Moyen-Orient, et plus particulièrement Israël.

Les investisseurs inquiets

Inquiets par la situation irakienne, dont on ne voit pas encore le bout, les marchés sont restés tendus ce lundi. "Les investisseurs ne sont décidément pas convaincus qu'une assistance américaine change quoi que ce soit à la situation", a commenté Chris Beauchamp, analyste d'IG. En témoigne l'indice FTSE 100, qui a clôturé sur une nouvelle baisse de 0,34%, malgré de bons indicateurs américains, après avoir déjà trébuché vendredi. Les cours du pétrole se maintenaient par ailleurs en petite hausse lundi en fin d'échanges européens, dans un marché surveillant toujours avec grande attention l'évolution de la situation en Irak.

Les marchés craignent principalement une augmentation significative des prix du pétrole en raison d'un ralentissement de la production en Irak. Selon certains analystes, une augmentation durable du prix de l'or noir aurait pour conséquence un ralentissement non négligeable de l'économie mondiale.

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