La Russie entre impassibilité et retour de flammes après les sanctions

Par latribune.fr  |   |  652  mots
Les Russes sont d'ailleurs une majorité (60%) à estimer que ces sanctions ne concernent "réellement" que l'"élite politique russe, responsable de la prise de décisions". (Photo : Reuters)
Les sanctions prises par l'Union européenne et les États-Unis ont agacé les acteurs politiques et économiques en Russie. L'impact devrait toutefois être limité pour les banques, moins pour le milieu des affaires...

Indifférence ou menace de conséquences "concrètes". En Russie, les principaux acteurs ont chacun réagi à leur manière au lendemain de la décision de l'Union européenne et des États-Unis d'appliquer de nouvelles sanctions contre la Russie pour contraindre le président Vladimir Poutine à cesser tout soutien aux entreprises de déstabilisation de l'Ukraine.

Washington"dicte" sa politique aux Européens

"Les conséquences pour Washington de cette politique destructive et à courte vue vont être très concrètes", a assuré le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué. Il estime par ailleurs que les sanctions prises par l'Union européenne témoignent de "[son] incapacité à jouer un rôle autonome dans les affaires mondiales" :

"La politique de l'UE ne se base plus aujourd'hui sur des faits vérifiés mais est dictée par Washington."

Le ministère a également dénoncé "les sanctions antirusses tirées par les cheveux et illégitimes" des États-Unis accusés de vouloir punir "la politique indépendante et perturbante" de Moscou.

Lire : L'UE a adopté un important train de sanctions économiques contre la Russie

Pas d'impact négatif pour les banques russes

La Banque centrale de Russie a assuré de son côté que "toutes les mesures seront prises, en cas de besoin, pour soutenir les banques", alors que Washington limite désormais les transactions avec trois des principales banques russes, et que l'UE a décidé de restreindre l'accès des banques d'État russes aux investisseurs européens.

Si VTB , Bank of Moscow et Russian Agriculture Bank ont dénoncé les nouvelles sanctions "politiques" et "injustes" adoptées par les États-Unis et l'Union européenne en raison du rôle de Moscou dans la crise en Ukraine, elles ont toutefois minimisé l'impact sur leurs activités.

Dans un communiqué, VTB, deuxième banque russe en termes d'actifs, s'est dit prête à "emprunter dans d'autres devises et sur d'autres marchés". De son côté, Russian Agricultural Bank a déclaré ne pas s'attendre à ce que ces nouvelles sanctions aient un quelconque impact négatif sur ses activités, tout comme Bank of Moscow, filiale de VTB.

Crainte d'un "rideau de fer" sur le commerce

Si les banques s'estiment indemnes, le commerce pourrait être affecté alors que l'Union européenne est le premier partenaire commercial de la Russie avec 326 milliards d'euros d'échanges en 2013. La Russie a ainsi suspendu la plupart de ses importations de fruits et légumes en provenance de Pologne et envisage de l'étendre à l'ensemble des pays de l'UE.

Si Moscou s'est défendue d'avoir pris une mesure d'ordre politique, le Premier ministre tchèque, Bohuslav Sobotka, s'est dit préoccupé des conséquences d'une éventuelle guerre commerciale de longue durée entre l'Union européenne et la Russie, qui pourrait dresser un nouveau "rideau de fer" en Europe.

Également inquiète pour les milieux d'affaires, l'Association des entreprises européennes (AEB), qui représente plus de 600 entreprises européennes présentes en Russie, a"regretté profondément" ces nouvelles sanctions dans un communiqué :

"Compte tenu du volume des échanges commerciaux entre la Russie et l'UE et entre la Russie et l'Ukraine, l'AEB prévoit que ces nouvelles sanctions nuiront non seulement à l'économie russe mais freineront également la croissance de l'UE et de l'Ukraine."

Les Russes indifférents à l'isolation de leur pays

Selon un sondage publié mercredi par le centre indépendant Levada, 58% des Russes disent "ne pas s'inquiéter" de l'"isolation du pays sur la scène internationale", alors que 61% réagissent de la même manière aux "sanctions économiques et politiques" prises contre la Russie.

Les Russes sont d'ailleurs une majorité (60%) à estimer que ces sanctions ne concernent "réellement" que l'"élite politique russe, responsable de la prise de décisions".

Sondage réalisé du 18 au 21 juillet auprès de 1.600 habitants de 134 villes et villages en Russie.