Lutte anti-corruption : les efforts des entreprises sont-ils suffisants ?

Par latribune.fr  |   |  437  mots
Les économies chinoises et africaines sont désignées comme les plus à même de rencontrer des risques de pots-de-vin par les entreprises interrogées. (Crédits : Flickr / Tracy O)
Selon les résultats d'une étude réalisée au plan mondial, moins d'une entreprise sur deux possède une instance interne en charge de la lutte contre la corruption Et près d'un quart des entreprises chinoises, indiennes et mexicaines interrogées jugent les pots-de-vin nécessaires.

Du mieux, mais toujours insuffisant. Les efforts des entreprises mondiales pour lutter contre la corruption vont dans le bon sens mais celles-ci restent tout de même mal préparées à faire face à de tels cas en interne, selon le rapport annuel sur l'attitude des entreprises face à la corruption publié par Control Risks. Pour le réaliser, le cabinet de conseil en gestion de risques a interrogé 638 professionnels du juridique et de la conformité au sein d'entreprises du monde entier.

Alors qu'en 2013 à peine une entreprise sur deux interdisait par des règles strictes toute forme de pot-de-vin visant à sécuriser un contrat, elles sont désormais 87,9% à le faire.  Et plus d'un tiers (37,9%) développent des moyens supplémentaires pour réduire davantage les risques.

Absence de comité en charge de la lutte contre la corruption

 Pour autant, moins de la moitié des entreprises interrogées (47,5%) "ont des membres du conseil d'administration ou des comités en charge de la lutte contre la corruption et de la conformité", pointe le rapport. De fait, plus de deux tiers d'entre elles (67,6%) "ne pensent pas avoir à mener une enquête anti-corruption" en 2015. S'il ne prévoyait pas une telle enquête, un éventuel concurrent corrompu n'a que peu de risques de se voir inquiéter : à peine plus d'une entreprise sur trois (37,8%) "seraient prêtes à [le] dénoncer aux autorités".

Par ailleurs, les demandes des autorités ne sont que peu entendues dans ce domaine. En moyenne, seules 12,8% des entreprises ont mené des investigations suite à une requête d'un régulateur au cours des deux années passées. L'Inde fait figure de bon élève avec 24,1% des entreprises, suivie par l'Australie (17,9%) et l'Europe hors Royaume-Uni (16,2%), alors que la Chine (9,8%), le Mexique (9,1%) et le Brésil (8,7%) occupent le bas du classement.

Un quart des entreprises chinoises jugent la corruption essentielle

L'étude pointe également comme "à risque" les pays avec le plus fort potentiel de croissance économique. L'Afrique et la Chine ont ainsi été désignées par plus de la moitié des entreprises interrogées, avec respectivement 54,5% et 53,5%. Les États-Unis (16,9%) et l'Europe (15,9%, hors Royaume-Uni à 11%) sont loin derrière , mais des risques existent tout de même pour les sociétés sondées.

En Chine, près d'un quart (24,6%) des entreprises interrogées et ayant leur activité dans le pays jugent d'ailleurs les pots-de-vin "essentiels afin de maintenir l'activité de l'entreprise". L'Inde (27,5%) et le Mexique (25,5%) réalisent des scores encore plus importants. Les entreprises américaines approuvent également pour 16,7% d'entre elles, "avec sans doute en tête les marchés internationaux plutôt que leur propre pays", prévient le rapport.