Le Parlement doit autoriser mardi la poursuite des frappes françaises contre l'Etat islamique en Irak

Par latribune.fr avec AFP  |   |  639  mots
Le Parlement doit donner son feu vert ce mardi à la poursuite des frappes françaises en Irak dans un contexte lourd de tensions et de gravité après les attaques jihadistes qui ont frappé au coeur de Paris.

Le Parlement doit voter mardi la poursuite des frappes françaises en Irak dans un contexte lourd de tensions et de gravité après les attaques jihadistes qui ont frappé au coeur de Paris. Cette autorisation, imposée par la Constitution près de quatre mois après le début de l'intervention française le 19 septembre, s'annonce acquise dans un pays globalement favorable à l'opération Chammal.

"Notre conviction est, plus que jamais, que la présence de l'armée française est nécessaire", relève ainsi le chef du groupe UMP, Christian Jacob. "Elle est indispensable car le combat contre le fondamentalisme commence à la source (...) La guerre contre le terrorisme sur le territoire national commence en Irak", ajoute-t-il.

Dans la majorité, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a souligné à de multiples reprises la détermination de la France à stopper, au côté de ses alliés, l'expansion de l'organisation Etat islamique (EI) en Irak. Paris exclut en revanche pour l'heure toute intervention en Syrie, jugeant qu'elle ne pourrait qu'être favorable au régime de Bachar el-Assad. "Grâce à l'action de la coalition internationale, nous avons mis un coup d'arrêt à l'expansion de Daesh" (autre nom de l'EI) "mais le coup d'arrêt ne signifie pas que la guerre est finie", relève M. Le Drian.

Le vote prend en outre un relief particulier alors qu'un des auteurs du carnage à la rédaction de Charlie Hebdo, Chérif Kouachi, avait participé à une filière de recrutement pour l'Irak et que le preneur d'otages du magasin casher, Amedy Coulibaly, se réclamait de l'EI et demandait l'arrêt des frappes françaises en Irak.

"Les événements d'aujourd'hui en France renforcent notre conviction que soutenir l'engagement français était la bonne décision", souligne M. Jacob. Le vote pourrait être suivi du déploiement, hautement symbolique, du porte-avions Charles de Gaulle dans le golfe Persique, selon le site Mer et Marine. L'Elysée a seulement confirmé que le groupe aéronaval appareillerait prochainement pour l'Inde et transiterait par le Golfe.

Depuis septembre, les avions de chasse de la coalition traquent l'EI qui a pris le contrôle d'une partie de l'Irak et de la Syrie, frappant pickups, dépôts d'armes et bases, en appui des forces irakiennes et des peshmergas kurdes.

Les forces françaises, qui opèrent depuis les Emirats arabes unis (neuf avions Rafale) et la Jordanie (six Mirage 2000), avaient ainsi effectué 267 missions de reconnaissance, renseignement ou ravitaillement en vol au 7 janvier, selon un bilan de l'état-major. Parmi celles-ci, 30 missions de frappes ont permis la destruction d'une soixantaine d'objectifs au sol (bâtiments, véhicules, complexes logistiques ou terroristes présumés).

Si le nombre des frappes est souvent jugé modeste, l'armée souligne la difficulté à combattre un ennemi qui se fond dans la population et l'impératif d'éviter tout dégât collatéral. "Au début les frappes ont empêché l'EI d'accroître sa mainmise. Depuis il ne se passe plus grand chose. Ils ont camouflé tout ce qui est logistique dans les villes, dispersé les hommes", note Jean-Claude Allard, expert des questions de défense à l'institut de relations internationales IRIS. "Mais si on lève la pression des frappes aériennes, l'EI reprendra sa guerre de conquête", met-il en garde.

Pour faire reculer l'EI, il va falloir engager des opérations au sol mais les Occidentaux s'y refusent, de crainte d'un nouveau bourbier irakien. Tout repose donc sur les forces irakiennes, qui sont encore loin d'être prêtes, malgré leur entraînement par des conseillers militaires américains. "Cela va prendre des mois (..) Tant qu'il n'y aura pas de forces terrestres bien entraînées pour attaquer l'EI et regagner le terrain, rue par rue, on aura le statu quo", prédit M. Allard.