L'absence d'Obama à la marche républicaine embarrasse les Américains

Par latribune.fr avec Reuters  |   |  757  mots
Quarante-quatre chefs d'Etat et de gouvernement ont défilé dimanche à Paris pour rendre hommage aux victimes des attentats islamistes commis dans la semaine en Ile-de-France.
Ni le président américain ni aucun membre éminent de son administration n'étaient présents aux côtés de François Hollande dimanche à Paris, déplorent de nombreuses voix aux Etats-Unis.

Ils étaient 44 chefs d'Etat et de gouvernement présents à être venus dimanche 11 janvier dans la capitale pour battre le pavé et rendre hommage aux victimes des attentats qui ont fait 17 morts la semaine dernière à Paris. Une absence notable a toutefois été remarquée, notamment aux Etats-Unis: celle du président américain Barack Obama, qui s'était pourtant rendu jeudi à l'ambassade de France à Washington pour exprimer sa solidarité à l'égard du peuple français.

Ni Joe Biden ni John Kerry

Certes, les Etats-Unis étaient représentés place de la République par leur ambassadrice en France, Jane Hartley, ainsi que par la secrétaire d'Etat adjointe chargée des relations avec l'Europe, Victoria Nuland. Toutefois, outre-Atlantique, de nombreuses voix se sont élevées dimanche pour regretter que ni le chef de l'Etat ni aucun membre éminent de son administration, tels que le vice-président Joe Biden ou le secrétaire d'Etat John Kerry, n'ait défilé aux côtés de François Hollande et des Français.

L'embarras a d'ailleurs été aggravé par le fait que le ministre de la Justice, Eric Holder, se trouvait à Paris, où il a rencontré ses homologues européens pour réfléchir aux moyens à mettre en œuvre afin d'améliorer la coopération dans la lutte contre le terrorisme. Il n'a toutefois pas participé au défilé.

"N'est-ce pas pour cela que Dieu a inventé les vice-présidents?"

Greta Van Susteren, de Fox News, s'interroge ainsi sur Twitter:

"C'est très embarrassant - Où est le président Obama? Pourquoi n'y est-il pas allé ?"

Fareed Zakaria, animateur d'une nouvelle émission sur CNN, ironise pour sa part:

"Pourquoi aucun leader des Etats-Unis au rassemblement de Paris? N'est-ce pas pour cela que Dieu a inventé les vice-présidents?

"La lâcheté continue"

Dans le milieu politique, Newt Gingrich, ancien président de la Chambre des représentants et candidat à l'investiture républicaine pour la présidentielle de 2012, est encore plus grinçant:

"Triste que 50 dirigeants étrangers aient exprimé leur solidarité à Paris mais que le président Obama ait refusé d'y participer. La lâcheté continue".

Et même à l'étranger, certains journaux s'interrogent, à l'Instar de Der Spiegel, qui titrait lundi sur la home page de son site: "Ou était Obama?":

"Des chefs d'État de plusieurs pays ont pleuré avec des millions de Français les victimes des attentats terroristes. L'un d'entre eux manquait cependant à l'appel : le président des Etats-Unis Barack Obama. C'est pourquoi il doit faire l'objet de critiques dans son pays", estime le journal allemand.

Interrogée sur le sujet, la Maison blanche n'a pas souhaité commenter.

La relation entre les Etats-Unis et la France "ne s'arrête pas à une journée"

Barack Obama avait sans doute une bonne excuse: il se trouvait en Inde, dans le cadre d'une visite programmée de longue date. Il n'empêche que, pour rattraper le coup, le secrétaire d'Etat américain John Kerry, en visite en Inde, a annoncé dès lundi qu'il se rendrait vendredi à Paris pour exprimer la solidarité des Etats-Unis.

John Kerry, qui avait déjà exprimé sa solidarité à la France dès le jour de l'attentat à Charlie Hebdo en s'exprimant en un français impeccable, a d'ailleurs récusé les critiques portées contre Washington. Répondant à une question en ce sens, il a affirmé:

"Nous avons partagé, dès le tout début, nos renseignements, nos services et tous nos efforts, et je pense véritablement que ceci relève de la chicanerie".

Pour lui, la relation entre les Etats-Unis et la France "ne s'arrête pas à une journée ou à un moment particulier, c'est une relation permanente et de longue durée qui est profondément, profondément ancrée dans des valeurs communes, et notamment notre engagement commun en faveur de la liberté d'expression".

En France d'ailleurs, certains notent que la présence de Barack Obama à Paris aurait supposé un dispositif de sécurité impensable compte tenu de la mobilisation. Le chef d'Etat américain présidera en février une conférence internationale sur la lutte contre l'extrémisme à Washington, ont par ailleurs annoncé ses services dimanche.