Un patron américain lit Piketty et décide d'augmenter les salaires

Par latribune.fr  |   |  334  mots
Thomas Piketty a-t-il enclenché une profonde réflexion sur les inégalités salariales aux Etats-Unis avec son livre, le Capitalisme au XXIe Siècle?
Le patron d'Aetna, une importante compagnie d'assurance américaine, a annoncé une hausse de 11% des salaires les moins élevés, soit 12% de ses effectifs. Il dit s'être inspiré de Thomas Piketty, mais ne cache pas d'autres visées...

Mark Bertolini a-t-il réellement lu Thomas Piketty? L'homme d'affaires américain, PDG du groupe d'assurance Aetna dit en tout cas s'être inspiré de sa philosophie lorsqu'il a annoncé l'augmentation des salaires les plus bas de ses employés. Aetna a annoncé une augmentation à 16 dollars de l'heure pour les 12% des salariés - soit 5.700 personnes - les moins bien rémunérés de son entreprise soit une hausse de 11%.

Les thèses de Piketty ont fait mouche aux Etats-Unis

Il faut dire que la question du creusement des inégalités sociales est devenu un vrai sujet de débat aux Etats-Unis depuis la sortie très remarquée du livre de Thomas Piketty, Le Capital au XXIe siècle (Editions du Seuil, 2013). L'économiste français avait même été reçu par Barack Obama qui s'est dit lui-même sensible à cette préoccupation.

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M. Bertolini avait effectivement lancé à ses équipes de lire Thomas Piketty sur les inégalités de richesse. En réalité, il semblerait que l'homme d'affaires, comme toute l'économie américaine, soit confrontée au problème d'une pénurie de main d'œuvre. Avec un taux de chômage proche du plein-emploi, les entreprises américaines ont de plus en plus de mal à pourvoir les postes proposés.

Muscler les équipes de vente

Aetna veut être novateur et concilier un besoin économique à une réalité sociale. Mark Bertolini a d'ailleurs utilisé le terme de "pacte social" pour promouvoir sa décision d'augmenter les salaires. Autre aspect de la stratégie d'Aetna, M. Bertolini veut muscler ses équipes de ventes sur le terrain, au bas de l'échelle des salaires, et attirer les meilleurs talents.

Le groupe d'assurance estime que cette décision coûtera 25,5 millions de dollars à la société en année pleine. Une goutte d'eau pour un groupe qui affiche 62 milliards de dollars de chiffre d'affaires, et s'attend à un bénéfice net de 2,4 milliards en 2015...