Les États-Unis et la BCE font chuter l'euro à son plus bas niveau depuis 12 ans

Par latribune.fr avec AFP  |   |  636  mots
La devise atteint des planchers sous l'effet de la reprise aux Etats-Unis et du plan de "quantitative easing" de Mario Draghi.
La devise européenne est tombée mardi matin à 1,07 dollar, tirée par le plan Draghi d'assouplissement quantitatif et les chiffres optimistes de l'économie aux Etats-Unis.

La monnaie européenne accélère sa chute. L'euro baissait nettement face au dollar mardi 10 mars tombant à des plus bas en près de douze ans, sous l'effet du rachat de dette publique européenne par la Banque centrale européenne (BCE), tandis que le billet vert profitait d'un regain de spéculation sur un resserrement monétaire anticipé aux États-Unis.

À la mi-journée, la monnaie européenne valait 1,0755 dollar. Elle était auparavant tombée à 1,0735 dollar à 11h45, son niveau le plus faible depuis mi-avril 2003. La veille, en fin de journée, elle valait encore 1,0853. L'euro baissait également face à la monnaie nippone à 130,85 yens contre 131,55 yens lundi.

Le dollar progressait également face à la devise japonaise, à 121,65 yens - grimpant même en cours d'échanges asiatiques à 122,03 yens, son niveau le plus fort depuis fin juillet 2007.

Hausse des taux de la Fed ?

"La tendance haussière à court terme du dollar a été renforcée par les chiffres meilleurs qu'attendu de l'emploi aux États-Unis. qui ont alimenté les spéculations sur le fait que la Fed (Réserve fédérale américaine) va relever ses taux à partir du milieu de cette année", commentait Lee Halpenny, analyste chez Bank of Tokyo-Mitsubishi. Le département du travail a annoncé vendredi 6 mars un taux de chômage de 5,5%, sous les prévisions des analystes, porté par les créations d'emplois (295.000 au lieu de 240.000 attendus).

Le dollar avait subi lundi quelques prises de bénéfices après le bond de la fin de semaine, mais se trouvait de nouveau prisé mardi par des investisseurs en quête d'achats à bon compte et pariant sur un resserrement monétaire anticipé de la Fed. Une telle action de la banque centrale américaine rendrait le dollar plus rémunérateur et donc plus attrayant pour les investisseurs. En outre, le président de la Fed de Dallas, Richard Fisher, a averti lundi que si la hausse des taux d'intérêt était retardée, la première économie mondiale risquait la récession.

L'Euro lesté par la BCE

De son côté, l'euro était lesté par le lancement lundi du vaste programme de rachats d'actifs de la Banque centrale européenne (BCE), des injections de liquidités dont le but est de tenter de relancer les prix et soutenir l'économie, mais ont pour effet collatéral de diluer la valeur de la monnaie unique.

La BCE va racheter, à hauteur de 60 milliards d'euros par mois, quelque 1.140 milliards d'euros d'actifs, dont de la dette souveraine, et ce au moins jusqu'à fin septembre 2016. Mais le président de l'institution monétaire européenne, Mario Draghi a réaffirmé jeudi 5 mars qu'il pourrait se poursuivre au-delà de cette date, tant que l'inflation ne sera pas clairement en route vers l'objectif de 2%, fixé par la BCE.

La chute de l'euro s'est accélérée depuis quelques jours. Il y a une semaine, il valait environ 1,12 dollar. Depuis, il s'est installé sous le seuil de 1,10 dollar en fin de semaine dernière, plombé par un cocktail de détails sur les rachats d'actifs de la BCE.

Inquiétudes sur un référendum en Grèce

La prudence était par ailleurs toujours de mise en zone euro alors que les cambistes scrutent la situation en Grèce, où le gouvernement, dominé depuis janvier par la gauche radicale, s'est félicité du résultat "positif" d'une réunion des ministres des Finances de la zone euro à Bruxelles et a annoncé que les discussions techniques sur les réformes envisagées commenceront mercredi.

Ces déclarations ont un peu rassuré les marchés, alors qu'Athènes avait évoqué dimanche la possibilité de nouvelles élections, voire d'un référendum sur un accord sur la dette.

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