Après le sommet de la zone euro, les réactions françaises fusent

Par latribune.fr  |   |  945  mots
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Suite aux accords conclus par les chefs d'Etats au sommet de la zone euro, à Bruxelles, jeudi soir, la classe politique française - l'opposition en particulier- n'a pas tardé à réagir.

Les partis de l'opposition convergent tous vers un même son de cloche : l'Europe ne serait pas à l'abri des spéculations. Ils dénoncent les taxes sur les transactions financières qui n'ont pas été évoquées ainsi qu'une contagion imminente de la crise vers les autres pays membres. De son côté, François Fillon a déclaré vendredi que la dette augmentera de 15 milliards d'euros en 2015.

Martine Aubry
(PS) : "Je me réjouis qu'un accord ait été finalement trouvé à Bruxelles entre les chefs d'Etat et de gouvernement de la zone Euro pour trouver une solution au financement de la dette grecque. Nous le devions au peuple grec, nous le devions à l'Europe". Elle dit réclamer avec les socialistes européens, « depuis longtemps une taxe prélevée sur les transactions financières"

François Hollande (PS), candidat à l'investiture socialiste pour 2012 : "C'était un accord nécessaire mais il est aussi tardif qu'insuffisant".  Il explique : "tardif parce que si ces mesures avaient été prises il y a 18 mois, il n'y aurait eu jamais de crise de la zone euro".  "La capacité que doit avoir l'Europe d'emprunter pour elle-même pour se substituer à des Etats défaillants pour leur dette souveraine" et que "rien n'a été décidé" sur une "taxe sur les banques"

 

Ségolène Royal (PS) : Ce 23e sommet "n'apporte que des colmatages provisoires à une crise sans précédent", mais selon elle, « en effet l'accord final reporte à plus tard les deux questions fondamentales pour l'avenir de l'Europe : la lutte contre la spéculation financière et la relance économique de la zone euro ».

Arnaud Montebourg (PS) : "Leur nouveau plan de sauvetage négocié avec le secteur bancaire souffre en effet de quatre défauts rédhibitoires: il ne peut enrayer le risque de contagion systémique aux pays fragiles (...), il charge les contribuables européens et épargne le secteur bancaire (...), il propose des contributions d'urgence des Etats et néglige les financements pérennes par les opérateurs financiers privés (...), enfin il perpétue à tort l'obsession de l'austérité et le retour en force des critères de Maastricht de 1992."

François Bayrou, président du MoDem, ajoute vendredi : le nouveau plan européen d'aide à la Grèce "ne suffira pas", prédisant "d'autres crises" dans la zone euro. Le plan "souffre de deux défauts rédhibitoires"."On était dans l'urgence extrême (...) On a pris des décisions dans la douleur qui donneront un répit au gouvernement grec et on l'espère à son peuple. Mais ce plan ne suffira pas"." On n'a pas trouvé la réponse et on connaîtra d'autres crises" conclue-t-il.

Jean-Michel Baylet, sénateur, président du Parti radical de gauche (PRG): "Si la solidarité avec la Grèce est une nécessité, les mesures prises s'arrêtent au milieu du gué en restant purement techniques. (...) Surtout, le cercle vicieux de la spéculation n'est pas enrayé. Pour le Parti radical de gauche, il faut taxer les transactions financières sur les dettes souveraines à l'échelle du continent européen."

Marine Le Pen (Front National) : "Le nouveau plan d'aide à la Grèce est une bonne nouvelle pour les marchés financiers, mais une très mauvaise nouvelle pour les contribuables français", et défend "une sortie concertée de l'euro". Les 109 milliards d'euros, "(jetés) dans le trou sans fond de la dette grecque", "ne sauveront pas une zone euro déjà en faillite" et "viendront en partie alourdir la dette publique de la France".

Nicolas Dupont -Aignan (Debout La République, souverainiste) : Cela (...) va endetter un peu plus les Français, sans aider les Grecs. Dans quelques mois la même crise se reproduira pour le Portugal, l'Espagne, l'Italie ou même la France, pour la simple raison que l'économie de ces pays est asphyxiée par une monnaie unique taillée pour la compétitivité allemande"

Pierre Laurent, secrétaire national du PCF: "Malgré le fiasco des recettes appliquées jusqu'ici - qui n'ont fait qu'encourager le chantage des marchés financiers - les décisions du sommet européen prises sous la houlette du couple Merkel/Sarkozy persistent dans une logique unique : préserver les intérêts des grands créanciers, banques et assurances, et des spéculateurs". Il s'alarme : "Le risque d'effondrement généralisé du système est bien réel. (...) Les intérêts financiers sont sauvegardés à court terme, mais les Etats et les peuples sont mis à genoux. Rien n'est réglé !"

Jean-Francois Copé (UMP) : salue l'accord trouvé "sous l'impulsion décisive du président Sarkozy". Il assure "qu'avec cet accord, l'Europe donne un signal important: la zone euro est forte, solidaire et unie, elle ne se désagrégera pas face aux attaques des spéculateurs".

François Baroin, le ministre de l'économie qualifie le plan de sauvetage de réponse "excellente", "profonde" et "puissante".

Alain Juppé, ministre des affaires étrangères: c'est "un accord de grande portée, qui n'est pas seulement un rafistolage de circonstances, mais qui donne des perspectives à moyen terme et permet d'aller plus loin aussi dans la bonne gouvernance économique de la zone euro"

Sans surprise, Christine Lagarde a déclaré que "sur la base d'une mise en oeuvre solide du programme par les autorités grecques, et de la détermination des Etats membres à soutenir la Grèce, le FMI continuera à jouer son rôle conformément aux pratiques du Fonds et, bien entendu, sous condition de l'approbation de notre conseil d'administration", a-t-elle indiqué. Elle ajoute, enfin : "nous saluons avec enthousiasme les termes de financement plus favorables offerts par les membres de la zone euro".