Le triple A de la France ne résisterait pas à une récession

Par latribune.fr avec Reuters  |   |  685  mots
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Après Moody's, c'est au tour de Standard & Poor's et de Fitch d'avertir que les notes souveraines de la zone euro pourraient subir des pressions supplémentaires dans le cas d'une récession qui frapperait l'an prochain, comme redouté, une grande partie des dix-sept pays utilisant la monnaie unique.

Le directeur de la notation souveraine de S&P, agence qui a déjà retiré aux Etats-Unis leur note maximale "triple A" l'été dernier, a estimé qu'il serait difficile d'éviter une récession dans nombre de pays de la zone euro en 2012 si les rendements des emprunts d'Etat restent élevés et si les banques continuent de réduire leur bilan.

"Les dynamiques financières provoquées par la crise de confiance persistante ont, du point de vue de Standard & Poor's, accru le risque d'une nouvelle récession dans un nombre croissant de pays membres de la zone euro, qui pourrait potentiellement faire peser une pression supplémentaire sur les notations souveraines de la région", a déclaré David Beers dans un discours à Dublin.

Il a toutefois dit espérer que la Banque centrale européenne et les gouvernements de la zone euro fassent preuve d'une "coordination politique plus étroite" pour trouver une solution à la spirale de la crise de la dette. Il a notamment évoqué de possibles interventions "plus agressives" de la Banque centrale européenne pour éviter un nouveau choc économique.

Quelques minutes plus tard, c'était au tour de Fitch, la troisième principale agence de notation, d'estimer que la note triple A de la France serait fragilisée si la crise de la zone euro s'aggravait et entraînait l'utilisation de la totalité des engagements français du fonds de sauvetage européen (FESF).

Soulignant qu'il ne s'agit pas de son scénario central, Fitch estime que la dette publique pourrait dans ce cas atteindre la limite haute de la fourchette compatible avec la note AAA.

"Si la totalité des 158,5 milliards d'euros d'engagements de la France auprès du FESF était déboursée, sa dette publique brute atteindrait 98,2% du PIB en 2014, soit le haut de la fourchette compatible avec son statut de AAA", écrit l'agence dans une note sur la France.

"Cependant, sur la base de la dette nette et si les prêts au FESF étaient comptabilisés (avec une décote de 50%) comme des actifs liquides, la dette culminerait à un peu plus de 80% du PIB en 2014. Ceci tempèrerait la forte hausse de la dette brute du point de vue de Fitch , et cela serait pris en compte dans l'analyse de la qualité de crédit de la France dans ce cas."

Le spread de dette française par rapport à la dette allemande n'a quasiment pas bougé après la publication de la note de Fitch , de même que le rendement de la dette française à 10 ans, qui avait fortement progressé ces dernières semaines.

Les trois principales agences donnent à la France la note maximale, triple A avec perspective stable, ce qui contribue à permettre au pays d'emprunter à des taux avantageux pour financer son déficit et refinancer sa dette.

Mais Moody's a annoncé mi-octobre qu'elle se donnait trois mois pour évaluer la solidité de cette perspective. Un changement de la perspective pourrait ensuite entraîner une dégradation de la note de la deuxième économie de la zone euro, un événement susceptible d'aggraver encore la crise des dettes souveraines et de peser sur la note triple A du FESF.

Standard and Poor's avait quant à elle estimé le 20 octobre qu'une entrée de la zone euro en récession fragiliserait la notation de plusieurs Etats membres, dont la France. Fitch précise mercredi que "selon le scénario central de Fitch , les chiffres des finances publiques françaises resteraient compatibles avec la conservation de sa note AAA".

Ce scénario prend l'hypothèse d'une croissance économique de 0,7% en 2012, le gouvernement français prévoyant pour sa part +1%. Le déficit public atteindrait 4,9% du PIB fin 2012 et la dette brute 89,7%, selon Fitch . Le gouvernement table lui sur un déficit à 4,5% et une dette brute de 87,4%.

Hors engagements auprès du FESF, le ratio dette sur PIB serait de 87,8% fin 2012, selon Fitch , et 85,5% selon le gouvernement.

L'agence estime que la France devra prendre des mesures supplémentaires pour parvenir à l'objectif d'un déficit ne dépassant pas 3% du PIB en 2013, Fitch tablant sur 4,2%.