Emission obligataire allemande : "un désastre complet, absolu"

Par latribune.fr, avec Reuters  |   |  319  mots
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C'est la pire des adjudications pour l'Allemagne qui a écoulé à peine un peu plus de la moitié des 6 milliards d'euros escomptés. Taux proposé trop bas ou risque qui augmente ? Sûrement un peu des deux.

L'Allemagne n'a adjugé mercredi qu'un peu plus de la moitié du montant de dette qu'elle espérait écouler, essuyant l'une de ses pires émissions souveraines depuis la création de l'euro faute d'avoir proposé un rendement suffisant aux yeux des investisseurs.

Berlin n'a trouvé acquéreur que pour 3,644 milliards d'euros d'emprunts à dix ans contre 6 milliards escomptés, si bien que la Bundesbank, la banque centrale allemande, a dû acheter les 39% restants pour éviter l'échec de l'opération.

Les rendements très faibles offerts par le Bund ont douché l'appétit des investisseurs, déjà inquiets quant au coût que fera peser sur l'Allemagne la spirale de la crise européenne de la dette.

"C'est un désastre complet, absolu", commente Marc Oswald, stratège pour Monument Securities à Londres. "Cela n'augure rien de bon, c'est la pire des adjudications non couvertes que nous ayons eu cette année et il n'est pas étonnant que le Bund se soit orienté à la vente dans la foulée."

Les futures sur les Bunds , l'euro et les Bourses européennes ont en effet chuté aussitôt après l'annonce des résultats de l'adjudication.

L'Agence allemande de la dette a réagi en estimant que le résultat de l'opération reflétait un "environnement de marché hautement nerveux" mais ne signalait pas un goulet d'étranglement pour le financement du budget fédéral.

Le rendement moyen du papier à dix ans est ressorti une nouvelle fois en baisse, à 1,98%, contre 2,09% lors d'une adjudication similaire en octobre et 2,74% en moyenne cette année, a précisé la Bundesbank.

Le ratio de couverture, qui mesure l'appétit des investisseurs, n'a atteint que 1,1, contre 1,56 en moyenne.

"Les Bund s commencent à perdre leur attrait parce que les marchés doivent commencer à croire à l'histoire des euro-obligations, et que l'Allemagne s'apprête, en substance, à garantir la dette d'autres pays", analyse Achilleas Georgolopoulos, stratège pour la Lloyds à Londres.