Un ancien économiste de la BCE met en garde la zone euro contre le recours au FMI

Par latribune.fr avec AFP  |   |  358  mots
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Jürgen Stark, l'économiste en chef démissionnaire de la Banque centrale européenne (BCE), a mis en garde la zone euro contre la mobilisation du Fonds monétaire international (FMI) pour soulager la crise de la dette, dans un entretien paru vendredi dans Die Welt.

"L'Europe doit régler ses problèmes toute seule et réduire sa dépendance envers les marchés de capitaux par une politique budgétaire conséquente", a professé l'Allemand, connu pour sa ligne très orthodoxe au sein de la BCE. En mêlant le FMI à ses problèmes, l'Europe risque de s'exposer outre mesure aux intérêts des autres pays, a-t-il encore prévenu.

Les pays de la zone euro se sont mis d'accord lors du dernier sommet européen début décembre pour fournir 150 milliards d'euros au FMI afin de renforcer sa capacité de prêts et de lui permettre de venir en aide en retour aux pays en difficulté de la zone euro. En vérité, ces fonds en sont pas réellement versés au FMI : il s'agit de garanties émises par les banques centrales, de l'or et des devises, par exemple.

L'Union européenne a invité lundi soir le reste du monde à imiter ce geste pour arriver à une enveloppe de 200 milliards d'euros, mais à part le soutien du Canada jeudi et de la Norvège, cet appel est jusqu'à présent resté lettre morte, au sein même de l'Union, la Grande-Bretagne ayant refusé.

"Dans la pratique je ne vois aucun autre Etat en dehors de la zone euro qui aurait besoin de cet argent (du FMI). C'est une tentative de contourner l'interdiction du financement direct des Etats par les banques centrales en Europe", a encore critiqué M. Stark, qui était déjà un fervent opposant des rachats d'obligations souveraines par la BCE.

A la surprise générale, il avait annoncé début septembre son intention de démissionner à la fin de l'année en invoquant des "raisons personnelles". "Je suis parti parce que je constatais que ma crédibilité personnelle n'était plus préservée", a-t-il confié à Die Welt. "Je voulais réveiller les gouvernements".

Ces derniers "n'ont visiblement pas compris jusqu'à aujourd'hui à quel point les principes établis depuis (le traité de) Maastricht, comme la discipline budgétaire et la convergence des politiques économiques, sont importants pour le fonctionnement de l'Union monétaire", a-t-il encore lâché.