La démission du chef économiste de la BCE fait chuter l'euro

Le chef économiste de la BCE, l'Allemand Jürgen Stark, a pris vendredi la décision de démissionner de ses fonctions, officiellement « pour des raisons personnelles », mais en vérité pour son hostilité au programme de rachat de dette de l'institut d'émission. L'euro est tombé à son plus bas niveau depuis six mois face au dollar.
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La rechute de l'euro a été d'une brutalité à la hauteur de la succession d'événements inédits intervenus depuis jeudi. La monnaie unique a amplifié vendredi les pertes subies face au dollar depuis sa sortie par le bas en milieu de semaine dernière de l'étroite fourchette de transactions de 1,4050 à 1,4550 dans laquelle il était bloqué depuis la mi-juillet. L'euro est retombé à son plus bas niveau depuis six mois face au billet vert, dérivant jusqu'à 1,3630, tandis que, jouant à plein son rôle de valeur refuge, l'emprunt d'État allemand à 10 ans - le bund - crevait tous ses records, son rendement tombant à un plancher historique de 1,765 %.

Le coup de torchon sur l'euro s'est amorcé pendant la conférence de presse de Jean-Claude Trichet, à l'issue de l'avant-dernier conseil qui se tenait sous sa présidence. Sur fond de diagnostic économique inquiet, le patron de la banque centrale a confirmé l'interruption du cycle de hausse des taux de la BCE, amorcé en avril et qui avait donné lieu à deux tours de vis monétaires portant son taux directeur du record de faiblesse de 1 % à 1,5 % en juillet. Et le lendemain, patatras ! Le chef économiste de la BCE, l'Allemand Jürgen Stark, a pris la décision de démissionner de ses fonctions, officiellement « pour des raisons personnelles », mais en vérité pour son hostilité au programme de rachat de dette de l'institut d'émission. Stark occupait ce poste, l'un des plus importants au sein de la BCE, depuis le 1er juin 2006. Son mandat ne devait s'achever que le 31 mai 2014.

À plusieurs reprises, au cours des dernières semaines, il avait exprimé ses doutes sur le programme de rachat d'obligations que la BCE avait adopté à contrecoeur en mai 2010 pour porter secours à la Grèce, puis mis en sommeil pendant cinq mois avant de le réactiver en août devant l'aggravation de la crise de la dette qui contaminait l'Italie et l'Espagne. Déjà en février, un autre Allemand, l'ex-président de la Bundesbank Axel Weber, un moment pressenti pour succéder à Trichet, avait décidé de claquer la porte de la BCE. En opposition à ce programme de rachats de dettes, il avait porté le débat sur la place publique. Le coup de théâtre de Stark est une illustration magistrale des dissensions entre les responsables allemands et la BCE, qui avaient donné lieu jeudi à une rare colère de Trichet en réponse à la question d'un journaliste.

Il n'en fallait pas moins pour que l'euro brûle les doigts. Pour Stephen Jen, l'ancien stratège change de Morgan Stanley, qui dirige aujourd'hui SLJ Macro Partners, les « métastases » de la crise de la dette grecque feront tomber l'euro à 1,30 dollar au cours des prochaines semaines.

Commentaires 2
à écrit le 19/09/2011 à 11:31
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Deux bonnes nouvelles! Un Allemand irrealiste qui s'en va et l'euro qui baisse, ce qui est une bonne chose pour la plus part des pays déficitaires, leurs produits seront moins cher en dehors de la zone Euro et les produits venant de pays faisant part...

à écrit le 12/09/2011 à 10:17
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La vraie valeur de l'Euro est d'environ 1, 25 dollar voire un peu moins soit à quelques encablures de son prix d'émission.

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