L'euro passera-t-il 2012 ?

Par Isabelle Croizard  |   |  450  mots
Infographie La Tribune
Il y a dix ans, les pièces et billets en euros étaient mis en circulation. Après trois ans de test sur les marchés financiers, l'euro fiduciaire était né. Il est aujourd'hui menacé par la crise de la dette.

Le contraste est saisissant entre le dixième anniversaire de l'euro financier fêté aux petites heures de 2009 et les dix bougies de l'euro fiduciaire que l'on souffle aujourd'hui. A la réouverture des transactions en janvier 2009, l'euro, qui valait un peu plus de 1,40 dollar contre 1,18 dix ans plus tôt, était célébré pour ses vertus de bouclier en acier trempé contre la crise financière que traversait la planète et qui épargnait aux protagonistes de la zone euro des tempêtes monétaires dévastatrices dont ils avaient été coutumiers avant sa création.

En ces premières heures de 2012, dix ans après la mise en circulation des pièces et billets, l'euro, parti de 0,90 dollar, se négocie beaucoup plus haut face au dollar, même s'il est tombé à son plus bas niveau depuis quinze mois, à moins de 1,29. Mais face au yen, il a effacé les gains des dix dernières années, rechutant en dessous de 100.

S'il reste un bouclier, l'euro menace de se transformer en boomerang qui aurait entamé sa course folle et dont on redoute qu'il ne la termine sur la zone qu'il représente vers laquelle s'est déplacé le curseur de la crise. Partie de Grèce, elle a d'abord envahi les pays dits périphériques avant de contaminer le noyau dur, avec l'Italie en première ligne. La tentaculaire crise de la dette souveraine fait peser une menace bien réelle sur la plus révolutionnaire conquête des soixante dernières années, celle de la construction monétaire européenne. Le bouclier, qui écartait tout risque de change, avait à ce point fonctionné qu'il a encouragé un laxisme budgétaire aboutissant au creusement des dettes et des déficits publics des élèves indisciplinés de la classe Europe. Ces mauvais élèves qui ont bafoué les sacro-saints critères de convergence de Maastricht que la Banque centrale européenne à elle seule ne parvenait plus à faire respecter, malgré ses tonitruants avertissements.

Dix ans de laisser-aller

Si l'euro semble pour l'instant immunisé, tant il a acquis une stature internationale, la crise actuelle montre que tout reste à faire, sauf à envisager un éclatement de la zone euro que nous prédisent bon nombre de Cassandre. À une monnaie unique et une politique monétaire unique, ne s'est pas ajoutée, comme en rêvaient les pères fondateurs, l'intégration politique et économique de l'Europe. Les dix ans écoulés ont été ceux de la facilité mais aussi du laisser-aller. Les dix ans à venir devront être ceux de la gouvernance... ou du retour vers le passé. Mais n'est-il pas vrai que l'Europe n'a jamais mieux avancé que dans les crises !