Zone euro : "Merkozy" retrouve en 2012 les problèmes de 2011

Par Frank Paul Weber, à Berlin  |   |  542  mots
Copyright Reuters
Les deux leaders n'ont pas répondu aux questions sur l'avenir de la monnaie unique. Angela Merkel renvoie la taxe sur les transactions financières à un hypothétique accord à 27.

Pour la troisième année consécutive, le président français et la chancelière allemande ont débuté le nouvel an en souhaitant la fin de la crise de la dette grecque, et plus généralement de l'ensemble de la zone euro. "Le second programme pour la Grèce, y compris le rééchelonnement de sa dette, doit être rapidement réalisé, sinon il ne sera pas possible de verser la prochaine tranche d'aide à la Grèce", soit 5 milliards d'euros en mars, a averti Angela Merkel à l'issue de sa première rencontre de l'année avec Nicolas Sarkozy.

La chancelière a toutefois pris soin de souligner que Paris et Berlin "veulent que la Grèce demeure dans la zone euro". Une position qui est loin de faire l'unanimité dans l'Union européenne (UE). Le gouverneur de la banque centrale tchèque, Miroslav Singer, ne voit lui "aucune autre solution que le départ [de la Grèce, Ndlr] de la zone euro et une dévaluation très forte de la nouvelle monnaie grecque s'il n'y a pas la volonté de donner à la Grèce un montant massif d'argent des fonds structurels européens." Il estime que l'incertitude persistante sur le cas grec fait que "l'Europe est moins digne de confiance et que les pays non-européens rechignent à fournir des capitaux au Fonds Monétaire International (FMI) pour aider l'Europe". En décembre, les 26 pays de l'UE, sauf la Grande-Bretagne, ont annoncé le déblocage de 200 milliards d'euros pour renflouer les caisses du FMI dans l'espoir "de contributions parallèles de la communauté internationale", pour le moment en vain. Angela Merkel en parlera mardi soir à Berlin avec sa directrice générale, Christine Lagarde.

Épineuses questions

Sur l'agenda européen des prochains mois, d'épineuses questions restent à régler : les échéances sont connues mais pas les solutions. Ainsi le président français a appelé la Banque centrale européenne (BCE) à agir pour "que le FESF [le fonds actuel de sauvetage européen, NDLR] fonctionne de façon plus efficace". Pour la chancelière Merkel, la BCE doit plutôt aider le FESF à "intervenir sur les marchés avec des instruments plus flexibles en cas de situation grave". Pour Nicolas Sarkozy, la situation est déjà "complexe, tendue comme dit Mme Merkel : peut-être comme jamais dans l'histoire de la zone euro".

Comme "contribution" française à l'amélioration de la crédibilité de la zone euro, Nicolas Sarkozy a annoncé que le déficit de la France a été en 2011 de quatre milliards d'euros inférieur à celui prévu initialement. Au-delà de cette rigueur, Angela Merkel a parlé de la "deuxième jambe" de la reprise en Europe : la croissance. Pour la favoriser et ainsi réduire le chômage, une étude sur les "règles des marchés du travail" en Europe sera réalisée pour "s'inspirer des meilleures". Enfin, face à la volonté française d'introduire au plus vite une taxe sur les transactions financières, en particulier sous la forme d'un "impôt de Bourse", la chancelière a astucieusement indiqué "être pour personnellement » mais que ses partenaires libéraux (FDP) de coalition y sont opposés, renvoyant à un improbable accord des 27 Etats-membres...