La négociation avec Grèce s'est poursuivie ce week-end... au téléphone

Par latribune.fr, avec Reuters  |   |  910  mots
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Charles Dallara et Jean Lemierre, négociateurs de l'Institut de la finance internationale (Ifi) qui regroupe les créanciers privés de la Grèce, ont quitté samedi matin Athènes pour Paris mais les discussions se sont poursuivies par téléphone durant le week-end.

Il est peu probable qu'un accord permettant à Athènes d'éviter la banqueroute soit conclu avant la semaine prochaine, a-t-on précisé de même source. "Les choses sont compliquées(...), il y a encore du travail devant nous."

Vendredi soir, après deux jours de discussions, on déclarait que les éléments d'un accord entre la Grèce et ses créanciers privés étaient en train de prendre forme.

"Les éléments d'un PSI (plan de participation du secteur privé, NDLR) volontaire et sans précédent sont en train de prendre forme", a déclaré l'Institut de la finance internationale (Ifi), qui représente les créanciers privés, à l'issue de plus de trois heures de discussions entre son directeur général et les responsables grecs à Athènes.

Dans un communiqué, l'Ifi exhorte toutes les parties à agir de manière décisive pour parvenir à un accord.

"Il est temps d'agir de manière décisive et de saisir l'opportunité de finaliser cet accord historique et de contribuer à la stabilité économique de la Grèce, de la zone euro et de l'économie mondiale."

Les discussions se poursuivront samedi, a déclaré de son côté le ministre grec des Finances, Evangelos Venizelos.

"Rien de sûr ne sera connu avant lundi", a prévenu une source bancaire proche des pourparlers. "Les ministres de la zone euro vont examiner la proposition et diront si nous avons abouti à un accord. Dans le cas contraire, nous retournerons à la table des négociations."

La Grèce négocie depuis des mois avec ses créanciers privés les modalités de cet échange de dette, condition essentielle à la mise en place d'un deuxième plan d'aide de 130 milliards, sans lequel le pays risque de faire défaut dès la fin du mois de mars.

Plus tôt vendredi, plusieurs sources proches des négociations avaient indiqué qu'un accord de principe sur une décote d'environ deux tiers des obligations grecques pourrait être annoncé en fin de journée.

Cet accord devrait se solder, pour les porteurs d'obligations privés, par une perte de 65% à 70% du montant de leurs créances, via un échange de leurs titres actuels contre de nouvelles obligations à 30 ans assorties d'un coupon, ou taux d'intérêt, progressif dont la moyenne avoisinerait 4%, a précisé une source bancaire proche des pourparlers.

La Grèce doit aboutir au plus tard lundi si elle veut assurer le versement à temps d'une nouvelle aide internationale lui permettant d'honorer en mars 14,5 milliards d'euros de remboursements d'emprunts. Cette aide proviendrait d'un plan de renflouement de 130 milliards d'euros concocté en octobre par l'Union européenne et le Fonds monétaire international.

"Les discussions techniques avec les avocats vont probablement se prolonger ce week-end et la semaine prochaine", a dit une autre source proche des discussions, ajoutant qu'une éventuelle participation de la Banque centrale européenne (BCE) était envisagée. "Nous nous attendons à ce qu'elle fasse elle aussi un effort. Cela pourrait passer par un accord spécifique, comme on peut s'y attendre de la part d'une institution comme la BCE", a dit cette source.

Les discussions avaient achoppé la semaine dernière sur le coupon des nouvelles obligations et leur interruption avaient relancé pendant quelques jours les spéculations sur un défaut non maîtrisé de la Grèce, avant que les deux parties se retrouvent autour de la table jeudi.

Pressions

Les pourparlers sont suivis de très près par les ministres des Finances de la zone euro, la Commission européenne et le Fonds monétaire international.

L'optimisme des investisseurs sur le dossier grec avait contribué à la hausse des marchés boursiers et de l'euro ces derniers jours. Tombée en fin de semaine dernière sous le seuil de 1,27 dollar, la monnaie unique se traitait vendredi au-dessus de 1,29 dollar.

De l'issue des pourparlers d'Athènes dépend la mise en oeuvre du plan d'aide de 130 milliards d'euros élaboré en octobre par l'Union européenne, la BCE et la FMI.

Les formalités nécessaires à son application prenant plusieurs semaines, un échec des négociations pourrait empêcher la république hellénique de faire face à ses lourdes échéances de mars, au risque de saper la confiance dans l'euro et d'ébranler la croissance mondiale.

Pour ajouter à la pression, les représentants de "troïka" (FMI, UE et BCE) ont entamé vendredi une série de rencontres avec le gouvernement grec pour discuter des réformes et du plan de soutien.

"L'accord doit être conclu. Il n'y a plus de temps à perdre", a souligné un responsable gouvernemental grec qui a requis l'anonymat.

L'échange d'obligations vise à réduire de 100 milliards le montant de la dette publique grecque, qui dépasse pour l'instant 350 milliards, soit environ 160% du produit intérieur brut. Au total, le second plan d'aide doit permettre à Athènes de ramener son ratio d'endettement à 120% du PIB en 2020.

Mais il implique aussi des mesures d'austérité supplémentaires dans un pays frappé par sa pire crise économique depuis la Seconde Guerre mondiale et qui devrait connaître en 2012 sa cinquième année consécutive de récession. Le taux de chômage dans le pays dépasse 18%, un niveau sans précédent, et il approche 50% chez les jeunes, ce qui entretient les tensions sociales. Manifestations et grèves ont lieu presque quotidiennement contre la hausse des impôts et des taxes et le gel des salaires.