IG Metall exige des augmentations de salaires de 6,5 %

Par Romaric Godin  |   |  449  mots
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Le syndicat allemand estime qu'un rattrapage doit avoir lieu au regard des croissances de 2010 et 2011. Le patronat s'étrangle et invoque la menace de récession.

IG Metall, le syndicat allemand du secteur de la métallurgie, ne se laisse guère impressionné par le ralentissement économique en cours outre-Rhin. A l'aube des nouvelles négociations avec le patronat de la branche, qui donnent généralement le ton à l'ensemble des autres discussions salariales, IG Metall a proposé une hausse salariale de 6,5 % sur 18 mois. Il exige également de disposer d'un droit de veto dans les comités d'entreprise pour l'embauche de tout personnel intérimaire. La proposition a fait pousser des cris d'orfraies aux responsables patronaux. Le président de la Gesamtmetall, l'association des employeurs du secteur, Martin Kannegiesser, a affirmé qu'il ne consentirait pas à plus de 3 % d'augmentation. « Pour le reste, il n'existe aucune raison soutenable », a-t-il affirmé. Le secrétaire général de la VDMA, la fédération des fabricants de machines-outils, Hannes Hesse, estime que les exigences d'IG-Metall ne sont pas « justifiable ».

Menace de récession contre rattrapage
L'économie allemande doit en effet faire face à un coup d'arrêt. Selon Destatis, l'Insee locale, le PIB s'est contracté d'un quart de point au dernier trimestre de 2011 et les prévisions de croissance pour 2012 sont faibles : entre 0,3 % et 1 %, selon les économistes, après 3 % en 2011 et 3,6 % en 2010. On a du reste appris ce mardi que la production industrielle allemande en décembre avait reculé de 2,9 % sur un mois, après une stagnation en novembre. Bref, du côté des entreprises, on appelle IG Metall à la raison en affirmant que le moment n'est pas venu de gonfler les charges salariales. « Les demandes salariales devraient dépendre des hauts et des bas de la conjoncture », a justifié Martin Kannegiesser. Mais le syndicat ne l'entend pas de cette oreille. Selon lui, le patronat a bénéficié en 2010, lors de la dernière négociation, de la modération salariale de IG Metall. A l'époque, l'organisation avait accepté le gel des salaires pour 2010 et une augmentation de 2,7 % à partir d'avril 2011. Il estime à présent qu'un rattrapage est nécessaire puisque ces deux années ont été, outre-Rhin, des années de croissance exceptionnelle.

 

Réalisme syndical
Comme à chacune de ces négociations, IG Metall montre les muscles et menace de grèves. A partir de la fin avril, des « grèves d'avertissement » seront possibles et sont sans doute probables. Mais l'histoire de ces discussions montre que ces premières exigences sont rarement mises en pratique et que le syndicat cède souvent en grande partie aux exigences patronales. En 2008, IG Metall avait ainsi réclamé une hausse de 8 %, en 2010 de 6 %. La situation économique devrait l'inciter à la modération. Cette première démonstration de force ne doit donc pas être prise au pied de la lettre.