En Irlande, le "non" à l'austérité gagne du terrain

Par Marina Torre  |   |  568  mots
Le Premier ministre irlandais Enda Kenny, à Bruxelles - Reuters
En Irlande, à deux semaines du référendum sur le traité européen de stabilité financière, le Sinn Féin, parti d'opposition qui fait campagne pour le "non", gagne du terrain. Cet héritier du mouvement d'indépendance nord-irlandais se voit conforté dans son hostilité à l'austérité par les élections en France et en Grèce.

Les Irlandais doivent se prononcer le 31 mai sur l'adoption ou non du Pacte budgétaire européen. Or, le Sinn Féin (extrême gauche) mise sur son opposition au traité pour reprendre du terrain sur ses opposants. Le "oui" recueille 47% des intentions de vote selon un sondage du 2 mai mené par l'institut Red C pour le journal The Sunday Business Post, contre 35% pour le "non". Le Fianna Fail, principal parti d'opposition y est favorable, tout comme le gouvernement dirigé par Enda Kenny (Fine Gael, centre-droit).

Mais la face politique de l'ancienne IRA (armée républicaine irlandaise, qui a déposé les armes), gagne des points avec son opposition à l'austérité. Trois ans et demi avant les prochaines élections, le parti politique d'opposition espère capitaliser sur cette campagne. Ainsi, 21% des sondés disent le soutenir, ce qui en fait le deuxième parti le plus populaire du pays. Dans son combat contre l'austérité, ce dernier espère rallier une bonne partie des 18% d'indécis à sa cause.

Le référendum lui permet de bénéficier d'une exposition médiatique inégalée. "Nous sommes désormais considérés comme le principal parti d'opposition. Nous avons convaincus certaines personnes qui n'auraient jamais envisagé de voter pour le Sinn Féin dans le passé qu'il y avait une autre voie possible", s'est réjoui Gerry Adams, le président du Sinn Féin, dans un interview au Financial Times publiée ce mercredi.

Pour un plan de relance de plusieurs milliards d'euros

Le mouvement politique issu de la lutte pour l'indépendance irlandaise a vu sa position renforcée par l'arrivée au pouvoir en France et en Grèce de forces opposées à la stricte discipline budgétaire telle qu'elle est proposée dans le traité européen. Ces scrutins, ainsi que diverses élections locales en en Italie, en Grande-Bretagne et en Allemagne ont été saluées par le dirigeant du parti, Gerry Adams qui  y a vu "une opportunité d'exiger le changement".

Le Sinn Féin prône un plan de relance de plusieurs milliards d'euros qu'il espère voir financé par un accroissement des prêts de la Banque d'investissement européenne et une recapitalisation des banques à travers un soutien de la Banque centrale européenne. Il affirme en outre que, même si l'Irlande rejette le Pacte budgétaire, le pays continuera d'être soutenu par l'Union européenne. "Je suis absolument certain qu'il y aura de l'argent pour nous, de l'Europe", affrme ainsi Gerry Adams, qui nie diriger un parti europhobe. "Nous voulons une Europe sociale", clame-t-il dans le Financial Times. 

Quel avenir pour le Pacte budgétaire?

Un "non" de l'Irlande au pacte budgétaire le 31 mai ne signerait pas forcément un coup d'arrêt à ce traité décidé le 30 janvier dernier. Il entrera en vigueur quand 12 pays signataires l'auront ratifié. Pour l'instant, trois Etats l'ont fait: la Grèce, le Portugal et la Slovénie. Cependant, le contenu de ce traité pourrait être modifié. François Hollande, nouvellement élu en France avait en effet signifié pendant la campagne présidentielle son intention de le renégocier pour y inclure un volet sur la croissance. Le Premier ministre irlandais Enda Kenny, qui se rendra le 23 mai à la réunion extraordinaire des dirigeants européens sur ce sujet, a déjà indiqué qu'il ne souhaitait pas modifier le traité.