Berlin propose son propre plan de croissance européen

Par Robert Jules, avec Reuters  |   |  918  mots
Le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, au Bundestag vendredi. C'est lui qui a présenté la teneur du plan allemand de croissance /Copyright AFP
En prélude à la visite de François Hollande mercredi à Berlin, pour rencontrer la chancelière Angela Markel, le ministre des Affaires étrangères allemand, Guido Westerwelle, a annoncé vendredi la teneur des six mesures pour favoriser la croissance dans l'Union européenne.

Avant une semaine, au cours de laquelle le nouveau président français François Hollande va pour la première fois rencontrer la chancelière Angela Merkel, le gouvernement allemand a décidé de définir plus précisément ce que la croissance européenne signifie outre Rhin.

Ainsi, le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, a présenté vendredi un projet de "pacte de croissance" européen en six points.

1/ Dépenser mieux

Le pacte de croissance européen vanté par (François) Hollande et par d'autres ne doit pas se traduire par une hausse des dépenses, mais par une meilleure utilisation des ressources afin d'éliminer les gaspillages et l'utilisation abusive de l'argent de l'Union européenne (UE), tels que des séjours dans "des spas et des hôtels romantiques" financés sur les fonds de l'UE.
"Nous devons repenser la manière dont nous utilisons les ressources. Il ne doit désormais plus s'agir de réclamer autant d'argent que possible pour nos propres poches nationales", a dit le ministre allemand.

Cette incitation vise à mettre fin aux abus qui sont nés d'une mauvaise utlisation de l'argent public versé dans le cadre européen. Cela devrait se traduire par le renforcement des contrôles et la mise en place de procédures de validation des objectifs, et d'un suivi. En outre, il s'agit de gérer les montants existants et non d'augmenter la dotation.

2/ Utiliser l'ensemble des fonds structurels

La Commission européenne et les Etats membres doivent utiliser les quelque 80 milliards d'euros de fonds structurels non utilisés afin d'investir dans des projets qui amélioreront la croissance et la compétitivité.

Cette mesure est également préconisée par François Hollande dans son mémorandum. Cet argent non utilisé est dû  à la complexite des procédures de validation des dossiers qui devraient être simplifiées pour investir cet argent.

3/ Des crédits pour les PME

L'expertise de la Banque européenne d'investissement (BEI) doit être utilisée avec davantage d'efficacité afin d'atténuer les effets du resserrement du crédit qui pénalise les petites et moyennes entreprises (PME). "La BEI est un instrument que nous devons utiliser avec plus de force et de précision. Nous voulons améliorer l'accès des PME au crédit", a dit Guido Westerwelle.

A travers l'Europe, nombre de PME doivent sinon mettre la clef sous la porte, du moins travailler dans des conditions tendues en raison de la difficulté à avoir accès au crédit. En France, le nouveau président veut également améliorer cet accès au crédit en voulant rationaliser l'ensemble des institutions qui aident déjà les PME.

4/ Investir dans les infrastructures

Le maintien et l'amélioration des routes, des chemins de fer et des réseaux d'énergie et de télécommunication ouvriraient de nouvelles opportunités de nature à soutenir la croissance. Les capitaux privés doivent être davantage mobilisés pour développer les infrastructures transfrontalières européennes et l'Europe doit trouver de nouvelles méthodes de partenariats public-privé (PPP).

Cette proposition est un veiux serpent de mer européen. La Commission européenne a depuis des années plaidé en faveur de ces grands travaux mais s'est souvent heurté aux gouvernement locaux qui protègent les intérêts de certaines entreprises nationales. La crise pourrait donc favoriser l'accélération de la construction d'importantes infrastructures qui permettront de favoriser la circulation des biens, et des marchandises. Mais l'ampleur et la complexité de tes projets exigent du temps. Ils s'inscrivent au mieux sur le moyen terme.

5/ Améliorer le fonctionnement du marché intérieur

Le développement du marché unique européen dans de nouveaux secteurs, tels que le commerce électronique ou l'énergie, offrirait de nouvelles opportunités permettant de favoriser la croissance. Les PME pourraient être renforcées en réduisant les exigences administratives, en améliorant leur accès aux fonds de capital-risque et en modernisant la législation européenne sur les marchés publics.

Dans ce cas également, c'est une propostion de la Commission qui se voit soutenue par Berlin. Un statut unique européen pour les PME, une unification de la législation européenne en matière commerciale par exemple offriraient à nombre de PME de pouvoir étendre leur offre à l'échelle du continent, et sortir de leur seul marché local ou au mieux frontalier.

6/ Améliorer le libre-échange
L'Europe doit travailler à l'amélioration des accords de libre échange avec les anciennes et les nouvelles puissances économiques mondiales, en particulier avec l'Amérique du Nord et du Sud ainsi qu'avec l'Asie. "Tant que le cycle de Doha ne sera pas en mesure de finaliser un accord sur le libre échange à l'échelle mondiale, l'UE doit travailler à la conclusion d'accords de libre échange avec les anciens et les nouveaux centres de pouvoir de la planète."

C'est peut-être là le point le plus difficile à accepter du côté français, le candidat socialiste à la présidentielle doit en effet composer avec une forte opposition à la mondialisation dans son propre parti, où le thème de "démondialisation" a connu un succès d'estime et avec ses partenaires de gauche.

Mais une telle mesure proposée par l'Allemagne - deuxième exportateur mondial qui commerce de plus en plus avec les économies émergentes - vise également à être beaucoup plus actif hors de l'Union europénne qui concentre la majorité des échanges commerciaux.