Grèce : la (dernière) balle dans le camp du président

Par Romaric Godin  |   |  614  mots
Le président de la république hellénique, Karolos Papoulias. Copyright AFP
Après l'échec d'Evangelios Venizelos, le président de la république Karolos Papoulias tentera une dernière fois de trouver une coalition. En cas d'échec, il devra convoquer de nouvelles élections et nommer un gouvernement de transition.

La dernière chance pour éviter de nouvelles élections en Grèce réside désormais dans les mains du président de la république Karolos Papoulias. Ce samedi, le président du Parti social-démocrate Pasok Evangelios Venizelos lui a remis son mandat de formateur de gouvernement. Ce dernier a échoué vendredi à former la large coalition qu?il entendait former autour de son parti, des conservateurs de la Nouvelle Démocratie (ND), du parti de la gauche démocratique Dimar et de la coalition de la gauche radicale Syriza.


Refus de Syriza


Cette dernière formation, arrivée deuxième lors du scrutin du 6 mai et donnée en tête en cas de nouvelles élections, a refusé toute entrée dans un gouvernement poursuivant les mesures d?austérité prévues dans le mémorandum signé avec l?Union européenne. « Je veux insister sur le fait que ce n?est ni moi, ni Syriza qui refuse une telle coalition, mais le peuple grec », a affirmé le président de Syriza Alexis Tsipras. Et d ?ajouter : « le peuple grec a rejeté le mémorandum. Aucun gouvernement n?a le droit de l?appliquer ».


Troisième échec


Ce refus de Syriza a automatiquement entraîné celui de Dimar. Ne voulant pas se retrouver comme force d?appoint à une coalition d?austérité, ce parti issu de Syriza avait en effet affirmé qu?il n?entrerait pas seul dans une coalition avec le Pasok et la ND. Dès lors, Evangelios Venizelos ne pouvait vendredi soir que reconnaître son échec. C?était ainsi l?échec de la troisième tentative de formation d?un gouvernement depuis les élections. Dès lundi, Antonis Samaras, le président de la Nouvelle démocratie avait jeté l?éponge. Mercredi, Alexis Tsipras avait suivi. Comme le prévoit la constitution, le président était alors tenu de nommer le chef du parti arrivé en troisième position, le Pasok pour une nouvelle tentative.


Situation bloquée


Désormais, Karolos Papoulias va tenter de trouver une solution. On voit mal comment il pourrait y parvenir. A droite, le parti néo-nazi de l?Aube Dorée est absolument infréquentable. La scission de la ND, les « Grecs Indépendants » ne sont pas loin de l?être et réclament un rejet du mémorandum. Le parti communiste KKE refuse toute coalition et preuve a été faite cette semaine que Syriza ne veut pas s?allier avec le Pasok et la ND. Seul espoir de Karolos Papoulias, bien mince cependant : faire encore bouger Dimar, le parti le plus modéré de l?extrême-gauche grecque. Du reste, vendredi, Alexis Tsipras a appelé Dimar à ne pas céder aux sirènes d?une coalition pro-mémorandum.


Gouvernement de transition


Si, comme c?est hautement probable désormais, Karolos Papoulias échoue dans ses tractations, il devra, sans doute lundi, convoquer de nouvelles élections. On évoque de plus en plus à Athènes les dates du 10 ou du 17 juin. En attendant, la constitution interdit cependant la poursuite du gouvernement actuel. Lukas Papademos devra donc démissionner et un gouvernement de transition devra être nommé. Le président devra alors choisir pour le diriger une de ses trois personnalités : le président de la cour suprême, du conseil d?Etat ou de la cour des comptes. Voilà qui ne devrait pas rassurer les marchés et les partenaires européens de la Grèce. D'autant que les derniers sondages ne sont guère encourageants : Syriza obtiendrait selon la dernière enquête publiée samedi 25,5 % des voix, devant la ND et le Pasok qui, cependant, progresseraient avec respectivement 21,7 % et 14,6 % des suffrages.