Revue de presse : les premiers pas européens de François Hollande

Par latribune.fr  |   |  634  mots
Copyright AFP
Le président français François Hollande a imposé les euro-obligations comme principal thème du sommet européen mercredi à Bruxelles, déstabilisant une Angela Merkel qui doit faire face à des vents contraires dans son propre pays sur le sujet. Revue de presse franco-allemande.

Remise en cause de la domination d'Angela Merkel, estime jeudi la presse allemande.

"Hollande fixe l'agenda européen" titrait jeudi matin le site internet de Die Zeit, appuyé par celui du Spiegel qui estimait que "Hollande vole la vedette à Merkel". Mais les deux hebdomadaires de centre-gauche partagent les mêmes doutes sur les résultats concrets que le président français obtiendra finalement.

"C'est le premier sommet européen depuis des années qui n'est pas dominé par Merkel", a estimé le Spiegel sur son site internet, soulignant que c'était aussi "la première fois depuis des années que les Allemands et les Français ne se rencontrent pas avant le sommet pour établir une position commune".  Avec les euro-obligations, ces emprunts européens communs dont Berlin ne veut pas entendre parler, François Hollande "a choisi à dessein" un sujet controversé pour "défier" la chancelière et affirmer "que Merkozy (le duo qu'elle formait avec l'ancien président Nicolas Sarkozy) c'est du passé". L'hebdomadaire juge cependant "improbable" une victoire de Hollande sur les eurobonds. Die Zeit voit, quant à lui, la chancelière "sur la défensive".

Beaucoup plus belliqueux, le Süddeutsche Zeitung voit quant à lui Merkel et Hollande "sur une trajectoire de collision" et estime qu'ils se sont rendus "coup pour coup" lors de ce sommet, chacun ayant des alliés de poids. Le quotidien populaire Bild relève sur son site web qu'on a "beaucoup parlé pour aucun résultat" concret. En se disputant sur les euro-obligations, la France et l'Allemagne "ont marqué leur territoire", et "jamais les Etats-membres - et particulièrement les moteurs européens allemand et français - n'ont été aussi éloignés sur leurs revendications qu'aujourd'hui", juge le quotidien le plus lu d'Allemagne.

Du côté des médias français, les divergences entre Paris et Berlin pointées du doigt

"Merkel-Hollande, la confrontation", titre ce jeudi le Figaro. Le quotidien de droite observe une "distance prise avec Berlin", via le "témoignage de solidarité" de François Hollande à Athènes et Madrid. Mais pour le Figaro, "le moment de vérité viendra plus tard" pour le chef d'Etat français, qui a pour son premier sommet européen "[continué] à surfer sur la vague qu'il affirme avoir amplifiée : le désir de relance économique en Europe".

Après le dîner à 27, "la digestion est déficit" écrit Libération. Le quotidien ne s'attarde pas sur les premiers pas de François Hollande au sommet européen mais sur la partie allemande "très loin d'être soudée". "Outre-Rhin, plusieurs voix se sont élevées dans la majorité conservatrice pour que le sujet des euro-obligations ne soit pas évacué", explique le quotidien de gauche. Sur le volet croissance, François Hollande "n'aura même pas eu besoin d'adresser à ses homologues le mémorandum énumérant ses quatre principales revendications", écrit Libération, marquant des débuts fastes pour le nouveau président français.

Pour Les Echos, "Paris et Berlin assument leurs divergences". Le quotidien économique revient sur les déclarations de Mariano Rajoy faisant allusion au programme de rachat de dettes souveraines de la BCE. Le chef du gouvernement espagnol a indiqué qu'il existait "des instruments plus rapides que les fonds européens pour résoudre les problèmes de financement et de liquidité", jugeant les coûts actuels de financement de la dette dans la zone euro "insoutenables". Les Echos indique que François Hollande devait remettre sur la table la proposition d'octroyer une licence bancaire au Fonds européen de stabilité financière (FESF), qui lui donnerait un accès illimité aux liquidités de la BCE. Cette position avait été défendue en fin d'année dernière par la France, en dépit de l'oppostion de Berlin.