En Espagne, la crise bancaire alimente la fuite des capitaux

Par latribune.fr (avec agences)  |   |  584  mots
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En mars, 66,2 milliards d'euros ont été sortis des banques espagnoles. Sur fond de crise bancaire et de situation financière délicate pour l'Etat et les régions autonomes, les épargnants sont de plus en plus nombreux à déplacer leurs capitaux sur des comptes dans des établissements étrangers, jugés plus sûrs.

Le démon du "bank run" plane sur l'Espagne. Touché par une grave crise bancaire, le pays voit ses épargnants de plus en plus réticents à conserver leurs liquidités dans les établissements nationaux. La Banque d'Espagne a ainsi fait part de son inquiétude jeudi au regard des transferts d'argent à l'étranger opérés par les Espagnols ces derniers mois. Au total en mars, ce sont 66,2 milliards d'euros qui auraient pris la direction de comptes sur livret dans les pays du Nord de l'Europe, jugés plus sûrs. Un niveau record depuis la création de cette statistique en 1990. Un an plus tôt, l'Espagne avait bénéficié de rentrées nettes de 5,4 milliards d'euros. Un nouveau signe donc de l'aggravation rapide de la situation que connaît le pays malgré un changement récent de gouvernement.

Un coût de financement toujours élevé

La recapitalisation des banques et les besoins de liquidité des régions menacent en effet de faire plonger les finances de l'Etat davantage dans le rouge, ce qui a poussé le coût de la dette souveraine espagnole au bord du seuil au-delà duquel le pays pourrait devoir demander un plan de sauvetage. La Commission européenne a volé au secours de Madrid mercredi, en proposant une aide directe du Fonds de soutien européen pour recapitaliser ses banques et en accordant au gouvernement davantage de temps pour réduire son déficit budgétaire. Cette initiative a permis d'enrayer provisoirement l'accroissement de l'écart de rendement de l'obligation souveraine espagnole à dix ans par rapport à l'allemande, mais celui-ci demeure à un niveau record depuis l'adoption de l'euro. Le coût de financement que doit supporter l'Espagne a légèrement reculé jeudi, mais, à 6,6%, il reste proche du niveau de 7%, jugé insoutenable et qui avait contraint l'Irlande et le Portugal à se tourner vers une aide internationale.

Madrid doit présenter son plan de sauvetage de Bankia vendredi

L'inquiétude autour du secteur bancaire est alimentée par les incertitudes autour du plan de recapitalisation de la quatrième banque du pays, Bankia, à hauteur de 23,5 milliards d'euros. Madrid a indiqué avoir l'intention de recourir au Fonds de restructuration bancaire (Frob), mais la Commission européenne lui a demandé de préciser ses projets. Le gouvernement espagnol devrait aussi indiquer vendredi comment il entend venir en aide à ses régions autonomes.

Fitch dégrade hut régions autonomes

C'est dans ce contexte que l'agence de notation Fitch a dégradé la note de huit régions et mis en garde contre de nouvelles dégradations si Madrid n'adopte pas rapidement des mesures d'aide. Les difficultés financières de l'Espagne, aux côtés des incertitudes politiques en Grèce, ont fait plonger les marchés actions et l'euro ces dernières semaines. Le ministre de l'Economie espagnol Luis de Guindos a déclaré que l'avenir de l'euro allait être en jeu dans les prochaines semaines en Espagne et en Italie. "La bataille pour l'euro se mène en ce moment en Espagne et en Italie", a-t-il dit. Luis de Guindos a également déclaré que l'Allemagne devait aider à corriger les déséquilibres dans la zone euro créés par une politique monétaire souple appliquée au cours des dix dernières années et par le non-respect par Berlin du pacte de stabilité et de croissance en 2003. "Nous devons rectifier les décisions qui ont favorise l'Allemagne (...) L'Allemagne doit assumer sa part de responsabilités", a-t-il dit.