L'Europe envisage un plan d'aide de 100 milliards pour l'Espagne

Par latribune.fr avec AFP  |   |  842  mots
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Les dirigeants européens seraient prêts à débloquer une aide pouvant aller jusqu'à 100 milliards d'euros pour l'Espagne. Le secteur bancaire espagnol plombé par des crédits immobiliers toxiques traverse une grave crise et les caisses d'épargne les plus touchées ont un besoin urgent d'être recapitalisées.

 

Les dirigeants de la zone euro envisagent un plan d'aide pour l'Espagne "jusqu'à 100 milliards d'euros", selon une source gouvernementale européenne, citée par l'AFP. L'Eurogroupe, en présence de Christine Lagarde la directrice générale du FMI, a tenu une conférence téléphonique ce samedi 9 juin. A sa sortie le ministre espagnol de l'Economie a confirmé que l'Espagne demandait l'aide de l'Europe pour soutenir ses banques sans toutefois donner de montant précis.

Le FMI estimait le besoin de recapitalisation minimum des banques à 40 milliards d'euros

La veille, le Fonds monétaire international avait conclu que les banques espagnoles avaient besoin de 40 milliards d'euros. Ce chiffre évoqué ces derniers jours, est cependant perçu comme minimum par bon nombre de spécialistes. Les agences de notation n'ont pour leur part pas hésité à donner des montants beaucoup plus élevés. Standard & Poor's estimait dans une analyse en fin de semaine que les banques espagnoles pourraient connaître des pertes de 80 à 112 milliards d'euros en 2012 et 2013. D'ailleurs le FMI lui même estime qu'un tel matelas (les 40 milliards) devrait être en principe de 1,5 à deux fois plus gros pour convaincre les marchés que l'Espagne est suffisamment bien dotée pour amortir les chocs.
Un plan d'aide dépassant les 80 milliards et pouvant aller jusqu'à 100 milliards d'euros

Le premier ministre suédois Fredrik Reinfeldt a évoqué samedi un plan de sauvetage des banques espagnoles pouvant dépasser les 80 milliards d'euros. "Il a été question d'un chiffre dépassant les 80 milliards d'euros", a déclaré le chef du gouvernement suédois dans une interview à la radio publique SVT ajoutant qu' "il s'agira en fait d'un des plus grands sauvetages financiers de l'histoire récente".
Une source gouvernementale européenne a confié à l'AFP que ce plan pourrait aller jusqu'à 100 milliards d'euros. "En réalité ce n'est pas vraiment surprenant", selon M. Reinfeldt pour qui les banques sont étroitement liées à l'explosion de la bulle immobilière. Il faut maintenant gérer cette situation "sinon les problèmes risquent de s'étendre sérieusement à l'Europe et au monde", a-t-il ajouté.
La zone euro est en train de se décider à un plan de sauvetage pour le secteur bancaire espagnol pour faire face à une pression croissante des marchés et de ses partenaires internationaux, même si Madrid n'a pas encore lancé un appel à l'aide en bonne et due forme.

L'Espagne s'est résignée à demander de l'aide

Jusqu'ici, Madrid s'est refusé à lancer un appel à l'aide par crainte de se voir imposer, comme la Grèce, un programme qui irait de pair avec des conditions strictes dictées par ses bailleurs de fonds internationaux. Mais le gouvernement espagnol semble avoir fini par se résigner, a indiqué une source gouvernementale européenne, selon laquelle l'aide a déjà été demandée de manière officieuse depuis quelques jours.
Néanmoins l'aide de l'Europe ne sera pas accordée sans contrepartie. Il serait exigé du gouvernement espagnol qu'il assainisse le secteur financier, ce qui devrait contenter le gouvernement du conservateur Mariano Rajoy, qui doit composer avec un chômage de masse et un dérapage des comptes publics, et qui échapperait ainsi à un plan d'austérité. '"Une partie de la conditionnalité pourrait concerner la législation bancaire", qui comporte des particularités comme des prêts personnels d'une durée de 50 ans, estime un spécialiste.

Les modalités de l'aide restent à définir

Une solution esquissée cette semaine consisterait à verser directement de l'argent provenant du fonds de secours européen, --le FESF ou le MES (mécanisme européen de stabilité ) qui doit être lancé début juillet--, dans le Fonds public espagnol d'aide au secteur bancaire (Frob). Mais Berlin est resté muet sur cette option qui pourrait mettre la pression sur le secteur financier et non sur le gouvernement espagnol. Reste qu'il ya maintenant urgence car les atermoiements sur l'aide à l'Espagne pourraient avoir de graves conséquences sur toute la zone euro comme l'a déclaré Chrisitne Lagarde dans une interview à la presse allemande : "Ce qui mine actuellement les efforts pour conserver l'euro, ce sont les incertitudes et les doutes sur la vision à long terme des hommes politiques et la pérennité de la zone euro".

La pression des marchés et des politiques montent

Si les marchés sont restés calmes vendredi, la pression est montée d'un cran avec des déclarations de Moody's. L'agence de notation a estimé que l'évolution de la situation en Grèce et en Espagne pourrait l'inciter à abaisser la note de nombreux pays de la zone euro, y compris celle de pays bénéficiant, à ses yeux, de la note maximale "Aaa" comme la France ou l'Allemagne. Et sur le plan politique, les appels se sont multipliés: le président Barack Obama, inquiet pour l'économie de son pays, a pressé ses partenaires européens d'agir rapidement.
Un sommet des dirigeants de l'UE, qui doit ouvrir la voie à un renforcement de l'intégration européenne, est prévu les 28 et 29 juin à Bruxelles.