Grèce : les conservateurs cherchent des alliés pour gouverner

Par Robert Jules, avec Elisa Perrigueur à Athènes, et agences  |   |  763  mots
Antonis Samaras (Nouvelle Démocratie), vainqueur du scrutin va devoir faire appel au Pasok pour constituer une coalition gouvernementale /Copyright AFP
Le président de la république grecque va demander à Antonis Samaras, leader de la Nouvelle Démocratie, sortie vainqueur des élections, de former un gouvernement de coalition. Avec le Pasok, il peut compter sur une majorité au parlement, de quoi poursuivre la politique d'austérité dont l'Allemagne se dit prête à accepter un certain assouplissement. Mais devra compter avec l'opposition résolue de Syriza.

Victoire pour le camp pro-austérité en Grèce. Les conservateurs du parti de la Nouvelle Démocratie sont arrivés en tête du scrutin législatif de dimanche avec 29,66% des voix soit 129 sièges au Parlement, selon le décompte officiel de 99,84% des suffrages rendu publics par le ministère de l'Intérieur. A noter: le parti placé premier bénéficie d'un "bonus" de 50 sièges supplémentaires. Le parti de la gauche radicale, Syriza, arrive en deuxième position avec 26,89% des voix et 71 sièges. Ce dernier gagne ainsi quelque 10 points par rapport au scrutin de mai. Le Pasok socialiste, troisième, obtient 12,28% des suffrages et 33 sièges.

Antonis Samaras réaffirme la volonté de la Grèce de rester dans la zone euro

Antonis Samaras, leader de la Nouvelle Démocratie, a répété qu'il souhaitait que son pays reste dans la zone euro. Même si elle n'a pas la majorité absolue, Nouvelle Démocratie peut avec les socialistes du Pasok former une coalition gouvernementale qui dispose de quelque 162 sièges au parlement. Ces deux partis sont en effet partisans d'une poursuite de la politique fixée par le mémorandum signé dans le cadre de l'aide financière accordée par l'Europe et le Fonds monétaire international (FMI), même s'ils en demandent un assouplissement des conditions d'application. Le pays est en effet confronté à une récession de son économie depuis cinq ans, d'une forte hausse du chomâge qui ont alimenté une contestation dont a profité le Syriza.

Le dirigeant de Nouvelle Démocratie, Antonis Samaras, prône "une renégociation" du plan de rigueur, tandis que son adversaire Alexis Tsipras, leader de Syriza, veut son "annulation" et l'adoption de "plus de mesures de croissance" afin de relancer l'économie, plongé dans une grave récession, pour la cinquième année consécutive.

L'opposition résolue de Syriza

Panos Skourletis, porte-parole du Syriza, a indiqué à la télé privée Skaï que si la Nouvelle-Démocratie et le Pasok "pouvaient constituer un gouvernement", en revanche, ils "ne pourraient pas appliquer la même politique", car "l'axe du pays s'est déplacé vers la gauche". "Il serait ridicule de demander au Syriza d'intégrer" une telle coalition, "si le pays veut renégocier il lui faut au contraire une forte opposition, c'est le meilleur atout pour le pays", a-t-il ajouté. Le Pasok et la Nouvelle Démocratie étaient partenaires depuis novembre dans un gouvernement de coalition qui a pu décrocher en février un deuxième prêt international pour le pays au prix de nouvelles mesures de rigueur.

En cas de nouvelle coalition Nouvelle Démocratie-Pasok,  le gouvernement pourrait bénéficier d'un coup de pouce de l'Union européenne. De son côté, le Dimar, la gauche démocratique, qui avec 6% et 16 sièges, s'est dit prêt à discuter pour intégrer une coalition. Le secrétaire général de Dimar l'a confirmé : "Nous allons faire tout notre possible pour qu'une coalition soit formée même si Syriza refuse d'y participer. Car le pays ne pourrait pas supporter un troisième scrutin."

Un possible assouplissement de la rigueur en terme de délais

L'Allemagne s'est dite en effet prête dimanche à discuter des délais nécessaires à la mise en oeuvre des réformes en Grèce, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Guido Westerwelle.  "Il ne peut pas y avoir de changements substantiels aux engagements" de la Grèce pour son programme de réformes, a dit le ministre. "Je peux bien imaginer que nous discutions de nouveau des délais", a-t-il cependant ajouté dans un entretien à la télévision publique ARD.  Pour justifier cette flexibilité, il a souligné que la Grèce avait connu "une paralysie politique ces dernières semaines, en raison des élections". "Les citoyens normaux ne doivent pas en être les victimes, notamment ceux qui ont déjà dû supporter des coupes drastiques", a déclaré Guido Westerwelle.

Les marchés financiers devraient se montrer calmes lundi à l'ouverture, les investisseurs redoutaient en effet un blocage en cas de victoire de Syriza. Mais il reste à imaginer quelle coalition va se mettre en place. "Syriza était très proche de la victoire (...), donc nous nous attendons à une opposition vigoureuse aux mesures d'austérité. Les marchés vont s'inquiéter de la faible marge avec laquelle ND l'a emporté et les gains de l'euro et des autres marchés seront limités", expliquait dimanche Daragh Maher, stratégiste changes chez HSBC.