Zone euro : le secteur privé broie du noir

Par latribune.fr  |   |  580  mots
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Partout dans la zone euro, l'activité du secteur privé se contracte, d'après l'indice PMI établit par l'agence Markit. Selon des estimations pour le deuxième trimestre, elle y atteint son plus bas niveau depuis trois ans. Le secteur marchand est particulièrement touché.

L'activité du secteur privée devrait se contracter à nouveau en juin. Une première estimation de l'indice PMI mesuré par l'agence Markit après enquête auprès des entreprises s'établit à 46 comme au mois précédent. Il reste ainsi bien inférieur au seuil de 50 séparant la contraction de l'expansion. Surtout, au deuxième trimestre le niveau enregistré est au plus bas depuis trois ans, quand se faisaient sentir les effets de la crise des "subprimes" venue des Etats-Unis.

L'industrie manufacturière en déroute

L'industrie manufacturière semble particulièrement touchée puisque l'activité y atteint son plus bas niveau depuis mai 2009. L'estimation pour le mois de juin s'établit à 44.8 (contre 45.1 en mai). Du côté des prestataires de services, la conjoncture n'est guère plus brillante avec un indice qui progressement très légèrement à 46.8 en juin contre 46.7 au mois précédent. Et l'avenir s'annonce sombre avec des perspectives au plus bas depuis octobre 2008, juste après la chute de la banque américaine Lehman Brothers.

"La chute quasi-record de la confiance des entreprises par rapport au mois précédent est particulièrement inquiétante, d'autant qu'elle s'accompagne de forts reculs de l'emploi et de l'activité achats. Les chefs d'entreprises anticipent donc une détérioration de la conjoncture, attribuant l'assombrissement de leurs perspectives à la crise économique et politique traversée par la zone euro", explique Chris Williamson, chef économiste chez Markit, dans le communiqué annonçant ces résultats.

L'ensemble de la zone euro frappée

Cette situation concerne même la première économie d'Europe où l'activité globale recule pour le 2e mois consécutif et enregistre son plus fort taux de contraction depuis 3 ans. Même si l'activité progresse dans les services, cette amélioration ne permet pas de compenser la baisse dans le secteur manufacturier note Markit. 

En France, l'activité affiche toujours un niveau inférieur au seuil de contraction. Mais le secteur privé semble mieux résister que prévu à la crise qui secoue la zone euro.  L'indice PMI manufacturier s'est redressé à 45,3 après 44,7 en mai, un niveau supérieur au consensus de 20 économistes de 44,5.

"La contraction de l'activité s'accélère et s'étend à toute la région, les données relatives à l'Allemagne suggérant un repli marginal du PIB allemand au deuxième trimestre 2012, tandis que des contractions bien plus marquées sont attendues dans le reste de la zone euro, notamment en France où le taux de repli trimestriel de l'activité devrait atteindre 0,6%", prévoit Chris Williamson. Dans le reste de la zone euro (hors France et Allemagne), l'activité globale dans le secteur privé recule à nouveau et atteint son plus bas niveau depuis novembre 2011. La baisse s'accélère tant dans l'industrie que dans le secteur des services. 

Hors de l'Europe, même la Chine est touchée par cette vague, avec une contraction de l'activité manufacturière pour le 8e mois consécutif. La baisse des commandes à l'exportation, notamment en raison de la crise européenne et la faiblesse de la demande intérieur contribuent à cette situation.

Reflux de l'inflation

Cependant, la faiblesse de la demande a contribué en juin à atténuer les tensions sur les prix, "ce qui est de bon augure pour les prix à la consommation, dont le taux d'inflation devrait ainsi continuer de refluer par rapport à son niveau actuel". L'économiste pense que cela donnera une plus grande marge de manoeuvre pour stimuler la croissance aux autorités monétaires.